Deux syndicats d’infirmières scolaires organisent, ce mardi 23 mai à Paris, une "marche blanche" pour demander plus de moyens et de considération. Les soignantes Picardes alertent, elles aussi, sur la situation dans les établissements de l’académie d’Amiens.
Une marche blanche "pas pour enterrer la santé à l’école, mais pour la sauver". Ce mardi 23 mai, toute une profession crie son mal-être, celle des infirmières scolaires. A l’appel des syndicats de la profession, le SNICS-FSU et le SNIES-UNSA, elles manifestent à Paris, pour revendiquer des revalorisations salariales, des créations de postes et une reconnaissance de leurs compétences.
1350 élèves par infirmière dans l'académie
Dans le cortège, des Picardes grossissent les rangs. Parmi elles, Julie Magnier, secrétaire SNIES-UNSA de l’académie d’Amiens, observe depuis plusieurs années une dégradation de ses conditions de travail. "Depuis le Covid, on a de plus en plus d’élèves qui présentent un mal-être psychique. Quand on est face à un enfant avec des idées suicidaires, ce n’est pas un entretien de 5 minutes qui va régler les choses. Mais pendant ce temps, on a toujours nos missions de base de prévention… C’est compliqué à gérer quand 1400 autres élèves tapent à la porte. On est sollicitées tout le temps."
"Il y a des élèves qui ne vont pas bien et on ne le voit pas"
Julie Magnier, secrétaire SNIES-UNSA de l'académie d'Amiens
Julie Magnier exerce depuis 13 ans dans un collège et un lycée de l’Oise. Elle est en charge de plus de 2000 élèves. Plus que la moyenne de l'académie, 1350 élèves par infirmière, et nationale (1500 par infirmière). Elle confie ne pas les accompagner comme elle le souhaiterait : "On est sans arrêt dans l’urgence, on manque de temps. Il y a des élèves qui ne vont pas bien et on ne le voit pas. Pourtant, notre rôle est essentiel : lorsque l’on se rend à la gendarmerie pour dénoncer un fait grave qu’un élève nous a rapporté et que l’on revient, c’est la catastrophe car l’infirmerie est restée fermée deux heures !". Une fonction d’autant plus essentielle dans les zones rurales, où l’infirmerie pallie parfois le manque de médecins.
Manque d'attractivité
Pourtant, la profession souffre d’un manque de reconnaissance : "On se sent sous-infirmières, souffle Julie Magnier, alors qu’on a le même diplôme qu’elles. Il manque une forme de respect, de reconnaissance de notre charge de travail." La preuve, des salaires trop bas : 1816€ nets en moyenne, selon le SNICS-FSU, "bien en deçà de celui des autres agents de catégorie A qui se situe autour de 2500€". Les syndicats demandent donc des revalorisations pour atteindre l’égalité avec la moyenne de la catégorie A de la fonction publique, à laquelle les infirmières scolaires appartiennent.
Des mesures qui pourraient, ils espèrent, attirer de nouveaux profils. "Vu les conditions, c’est un métier qui n’attire plus : il y a certains établissements où il n’y a même pas d’infirmière !", fustige Julie Magnier. En 2021, 10 % des étudiantes en première année de formation ont abandonné leur cursus, contre 3 % en 2011, selon une étude de la Drees. Pour améliorer la prise en charge des élèves, les syndicats souhaitent la création de 15 000 nouveaux postes.