Un rapport de spécialistes, remis à l'Académie de médecine mardi 28 février, préconise que les futures mères n'accouchent plus dans les maternités les plus modestes en France, pour raisons de sécurité. Dans les Hauts-de-France, l'avenir de huit établissements est menacé par ce rapport.
Devrait-on, "au nom de la sécurité de la mère et de l'enfant", ne plus accoucher dans les plus petites maternités de France ? C'est ce que conseille un collectif de 14 médecins - présidé par le professeur Yves Ville, chef de la maternité parisienne de l'hôpital Necker - dans un rapport remis à l'Académie de médecine mercredi 28 février.
Huit maternités pointées en Hauts-de-France
Parmi les établissements publics les plus modestes pointés par le collectif, on trouve les maternités de Chauny (Aisne), Cambrai, du Cateau-Cambrésis, Fourmies, Denain, Hazebrouck (Nord) et Péronne (Somme).
Dans les 452 maternités que compte la France métropolitaine, le rapport discrimine 111 établissements "modestes" qui réunissent deux critères :
- Ce sont des établissements de catégorie 1. Les maternités "rangées" dans cette catégorie 1 accueillent les accouchements qui a priori ne présentent pas de complications. Elles ne possèdent pas de service de néonatalogie ni de soins intensifs néonatals.
- Ce sont des établissements ayant comptabilisé moins de 1 000 naissances en 2021. Selon le professeur Yves Ville, il serait "illusoire" de maintenir l'activité de telles maternités au vu de leur faible activité, car "on y perd en expérience, ce qui est dangereux," explique-t-il au Parisien.
Pour les spécialistes auteurs du rapport, il est urgent de regrouper les moyens des plus petites maternités dans les plus grandes qui, elles, situées autour des grandes villes, arrivent à saturation. "On assiste à un déplacement de la fécondité vers les femmes les plus âgées et au sein des agglomérations les plus densément peuplées", observe le collectif.
De leur côté, les établissements les plus modestes peinent à recruter et doivent parfois fermer quelques jours en semaine, faute d'effectifs suffisants. Par conséquent, elles souffrent aussi d'un déficit de réputation chez les futures mères, qui préfèrent accoucher dans des maternités regroupant davantage de services en cas de complication lors de l'accouchement.
Les quatorze auteurs du rapport n'incitent pas à fermer les petites maternités : les soins pré-natals et post-natals pourraient y être conservés, et les mères transférées en ambulance dans ces services après avoir donné naissance dans les maternités plus importantes.
Des disparités territoriales
Présenté le 28 février, ce rapport n'a pour le moment pas été voté en séance plénière par l'Académie de médecine. Le département du Nord, où toutes les communes sont actuellement situées à moins de 31 minutes de trajet d'une maternité, sera peu impacté si ces préconisations sont votées : "95,5% des communes le restent quelle que soit la simulation, seules quatre communes (0,6%) seraient alors dans la classe des 46-60 minutes," considère le rapport.
En cas de fermeture de maternité au Cateau-Cambrésis, mais surtout à Fourmies, les mères potentielles résidant en Thiérache seront en effet situées à plus de trois-quarts d'heure de route de la maternité la plus proche, celle de Maubeuge. Les habitantes d'Hirson (Aisne) seront même à une heure des maternités françaises les plus proches (Charleville-Mézières à 50 minutes, Maubeuge à 55 minutes, Laon à 1h, Saint-Quentin à 1h10) et auront plutôt intérêt à passer la frontière belge pour donner naissance à Chimay (25 minutes).
S'il n'est plus possible d'accoucher à Péronne ni à Cambrai, les habitantes de la Haute-Somme devront aller à Saint-Quentin (35 minutes) ou au CHU d'Amiens (50 minutes).
Selon les auteurs du rapport, les Hauts-de-France font partie des quatre régions de France, avec la Bretagne, l'Île-de-France et PACA, où les femmes ont une meilleure accessibilité aux maternités (moins de 31 minutes de trajet) que la moyenne nationale.