Cette 42e édition du Festival international du film d'Amiens (jusqu'au 19 novembre) est la première édition dirigée par Marie-France Aubert. La nouvelle directrice-programmatrice y apporte une touche nouvelle à cet événement, qui l'a attiré pour son prestige dans l'univers du cinéma indépendant et son engagement pour la diversité et les droits de l'Homme. Elle entend aussi tisser des liens solides avec les structures culturelles de la ville d'Amiens.
Lorsque Marie-France Aubert parle du Festival international du film d'Amiens, on sent le respect et, n'ayons pas peur des mots, l'Amour qu'elle porte à cet événement. "Je suis très impressionnée par l'histoire de ce festival, très engagé dans la lutte contre le racisme, contre les inégalités. On y voit se croiser de grands réalisateurs et de jeunes cinéastes. Et surtout, on y programme des films que l'on ne verrait pas ailleurs." Tel est l'ADN de cet événement dont c'est la 42e édition.
"C'est une histoire rigolote" dit-elle, au sujet de son arrivée à la direction de la programmation du Festival. En tous cas ce n'est pas un hasard.
Originaire d'Ile-de-France, sa passion pour le cinéma est née dans l'enfance, nourrie par ses parents très cinéphiles. Plus tard elle s'abreuve à la médiathèque de sa commune de Torcy en Seine-et-Marne. Elle y pioche au hasard des DVD. L'un d'entre eux la marque particulièrement dans l'adolescence: Masculin-Féminin de Jean-Luc Godard. "J'ai été assez secouée par ce film, une forme de cinéma différent de ce que j'avais pu voir jusqu'alors", explique-t-elle.
"C'est beaucoup d'honneur pour moi d'occuper cette place et de travailler pour ce festival"
Marie-France AubertHauts féminin - France 3 Hauts-de-France
Sa gourmandise de films la pousse à étudier le cinéma jusqu'en Master. Son job étudiant à la Cinémathèque de Paris lui permet de passer de longues heures dans les salles obscures. Puis elle enchaine les stages et les jobs. D'abord en tant que critique pour l'édition web du magazine Première.
Puis en tant qu'attachée de presse au sein de Carlotta, un distributeur de films anciens. Elle poursuit son chemin dans l'univers du cinéma indépendant et se forge une solide expérience au seins des réseaux de promotion et de distribution. Elle participe aussi à la création de Seytou Africa un festival de documentaires.
Jusqu'au jours où... "J'envisageais de quitter Paris et j'avais envie de travailler dans un festival d'envergure, surtout professionnel". Le FIFAM attire son attention "pour son histoire avec les cinémas d'Afrique en particulier". Elle envoie une candidature spontanée mais aucune place n'est à pourvoir.
Trois ans après, la porte s'ouvre avec un poste qu'elle n'ose imaginer. On lui propose la direction artistique. "Il faut être à la hauteur, et moi j'ai envie de m'ancrer dans l'histoire de ce festival tout en apportant ma touche personnelle".
En novembre 2021, Anouchka De Andrade, ancienne directrice du FIFAM, lui passe le relais. La jeune femme s'installe à Amiens et se lance à la rencontre des structures et associations culturelles de la ville. "J'ai été hyper bien accueillie, j'ai senti beaucoup de chaleur et d'engouement à travailler avec nous". Pour la nouvelle directrice du FIFAM, le cinéma est une discipline qui se nourrit de différentes formes d'Art.
Dans cette 42e édition du festival du film elle initie une programmation "Robe à paillettes", une belle illustration de son envie de continuer à promouvoir la diversité avec une sélection de films dont la culture Queer est à l'honneur. Lors de la projection de Freak Orlando, de l'allemande Ulrike Ottinger, elle a fait appel à un artiste du cirque Jules Verne pour accompagner les spectateurs vers la projection.
Elle interroge la place des femmes en accordant une carte blanche à la cinéaste Alice Diop, réalisatrice de Saint-Omer, qui traite du procès en assises d'une mère infanticide, ou encore, avec la diffusion de La Passagère en présence de Cécile de France qui décrit la passion du personnage pour un jeune homme.
Si la préparation de cette première édition en tant que directrice-programmatrice était source de doutes et de questionnements, Marie-France Aubert reconnaissait sur notre plateau avant l'ouverture n'avoir qu'une seule envie, celle de pouvoir enfin accueillir les invités et surtout le public.