Pour mieux secourir les migrants en mer, la SNSM s'équipe de nouveau matériel

Les tentatives de traversées clandestines de la Manche depuis le littoral picard sont en augmentation depuis plusieurs années. Pour être plus efficaces dans leurs opérations de secours, les sauveteurs de Berck-sur-Mer ont dû adapter leurs techniques et leurs équipements.

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C'est un phénomène relativement nouveau : les traversées clandestines vers l'Angleterre, qui partaient historiquement des alentours de Calais, se font désormais de plus en plus souvent depuis le littoral de la Somme.  "L'année dernière, en 2023, on a eu 28 tentatives de départs, dont 90 % ont pu être empêchées. Et là [en deux mois], depuis le début de l'année 2024, il y en a eu 6, dont une seule a réussi. Les autres ont été empêchées", détaille Rollon Mouchel-Blaisot, le préfet de la Somme. À titre de comparaison, sur toute l'année 2020, la préfecture recensait seulement cinq tentatives avortées.

Une recrudescence qui s'explique par le durcissement des contrôles sur les côtes du Nord-Pas-de-Calais, que les passeurs tentent de contourner en changeant de points de départs. Fort-Mahon, Saint-Quentin-en-Tourmont, et désormais même les villes de la baie de Somme y sont confrontées. Des traversées beaucoup plus longues et beaucoup plus dangereuses que depuis Calais. 

Des embarcations de plus en plus surchargées 

Les services de l'État cherchent à faire avorter les tentatives le plus tôt possible, pour éviter les drames. Mais lorsque les embarcations réussissent à prendre la mer, ce sont les bénévoles de la SNSM qui sont en première ligne pour secourir les migrants. Ceux de Berck-sur-Mer, qui s'occupent des baies de Canche, d'Authie et de Somme ont dû s'adapter. "Sur la baie de Somme, on a des gros problèmes avec les bancs de sable. Les gros bateaux qui sont mis à disposition par l'État pour le secours aux migrants ne peuvent pas intervenir. La semaine dernière, on avait un groupe isolé après un naufrage sur un banc de sable, sur lequel il a fallu intervenir très rapidement parce que la mer remonte très vite", explique Jean-Marc Lamblin, patron de la station SNSM de Berck-sur-Mer. Cet épisode s'est déroulé à Cayeux-sur-Mer. C'est grâce à un aéroglisseur que la dizaine de personnes a pu être sauvée. 

On est passés de petites embarcations de 10, 15 personnes, à des embarcations de 70, 80, et même un record de 90 personnes, précise-t-il. À la base, on n'a pas des moyens nautiques dimensionnés pour secourir autant de personnes.

Jean-Marc Lamblin, patron de la station SNSM de Berck-sur-Mer

En huit ans de secourisme, Jean-Marc a vu la situation s'aggraver. Les sauveteurs ont dû s'adapter aux nouveaux défis. "On a vu une évolution dans nos sauvetages. On est passés de petites embarcations de 10, 15 personnes, à des embarcations de 70, 80, et même un record de 90 personnes, précise-t-il. À la base, on n'a pas des moyens nautiques dimensionnés pour secourir autant de personnes. Et puis récupérer 5 personnes à l'eau ou en récupérer 80, ce ne sont pas du tout les mêmes techniques. On a développé nos techniques et nos moyens de flottaison et de secours, pour intervenir le plus rapidement possible, et mettre ces personnes en sécurité."

De nouveaux équipements plus adaptés

Les bénévoles de la SNSM s'entraînent donc pour porter secours à de plus grands groupes, avec un nouvel équipement, la planche de survie. Gonflée et larguée dans la mer, elle permet à une trentaine de personnes de s'accrocher en attendant les renforts. "On va leur déposer à proximité pour qu'ils puissent s'accrocher. L'intérêt, c'est de pouvoir sécuriser un groupe : ils vont pouvoir s'asseoir dessus, pour ne pas partir à la dérive ou ne pas rester trop longtemps immergés dans l'eau et être sujets à l'hypothermie. Ce dispositif permet de figer une situation, en attendant qu'un moyen d'État avec une plus grande capacité puisse venir les accueillir", explique Mathieu Delettré, président de la station de Berck.

Un équipement précieux, car en mer chaque minute compte. Les moyens de secours de l'État mettent généralement plus d'une heure et demi à arriver. Un délai qui peut être fatal dans une eau à 6 ou 7 degrés en cette saison. La SNSM a également acquis un nouveau radeau, qui se gonfle rapidement, et qui permet, là aussi de mettre en, sécurité un grand nombre de personnes pour éviter les noyades en attendant l'intervention des renforts.Au total, ces nouveaux équipements ont coûté 5 000 euros, financés par le Département, la Région, et les dons de particuliers. 

L’année dernière, la SNSM de Berck-sur-Mer a secouru environ 500 personnes qui avaient pris la mer pour traverser la Manche clandestinement. Ces opérations représentent un tiers de leurs interventions.

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