Les 6 et 7 octobre, les parents d'élèves de Molliens-Dreuil dans la Somme se mobilisent, car ils craignent la fermeture du centre de loisirs accueillant leurs enfants pendant les vacances. Un dossier qui révèle la complexité de la gestion des accueils extra-scolaire par les communautés de communes.
Devant l'école de Molliens-Dreuil dans la Somme, vendredi 6 octobre à 16 h 30, des parents d'élèves mécontents se mobilisent : à partir des vacances de la Toussaint, leurs enfants ne seront plus accueillis sur la commune, mais à 9 kilomètres de là, à Quevauvillers.
Une décision prise par la Communauté de communes Somme sud-ouest (CC2SO), qui a choisi de réorganiser l'offre d'accueil périscolaire et pendant les vacances.
"Avant, nous avions plus de 20 accueils matin et soir et le mercredi sur le territoire, chacun étant tarifé différemment et avec des horaires différents. Durant les vacances, nous avions également des accueils avec des horaires et tarifs différents, explique Catherine D'Hoine, vice-présidente de la CC2SO en charge de la jeunesse. L’intérêt de découper en secteur, c'est d'harmoniser cela pour proposer la même offre partout et d'avoir des groupes de chaque classe d'âge plus importants, pour proposer des activités plus adaptées et intéressantes aux enfants."
D'après l'élue de la CC2SO, ce travail d'harmonisation est par ailleurs nécessaire en raison des difficultés de recrutement d'animateurs et directeurs de centres de loisirs. "Si nous n’avions pas re-sectorisé, il nous manquait quatre directeurs cette année", reconnait Catherine D'Hoine.
Elle souligne cependant que le cas de Molliens-Dreuil est particulier, puisque le centre de loisirs sera en travaux d'ici à quelques semaines et que la fin définitive de l'accueil pendant les vacances n'est pas encore actée, un groupe de travail doit se réunir prochainement à ce sujet.
Incompréhensions et imbroglios
Du côté des parents d'élèves, c'est surtout l'impression d'être mis devant le fait accompli qui ne passe pas. "On se heurte à une porte fermée. Nous avons été mis au courant de la fermeture par le maire en juillet. La CC2SO est venue nous présenter un projet qui était déjà acté et nous n'étions au courant de rien !" déplore Eugénie Languet, déléguée des parents d'élèves de Molliens-Dreuil. "Ils interdisent aux enseignants de se rallier à nous et au périscolaire de parler avec nous", ajoute-t-elle.
Le maire de la commune, Sylvain Charbonnier, regrette également que la réorganisation n'ait pas été soumise au vote, mais seulement discutée par le bureau communautaire (auquel il participe) puis décidée en comité social et économique : "Ça n’a pas été décidé en conseil communautaire, c’est la raison pour laquelle je suis intervenu en conférence des maires lundi soir pour regretter le chemin démocratique pris par cette décision."
"Il y a un besoin ressources humaines à gérer, donc je pense que les services l'ont emporté sur le politique, tempère cependant Sylvain Charbonnier. Je souhaite que le politique reprenne sa place, que l’on voit bien si le jeu en vaut la chandelle. Mais la situation n’est pas si simple et je ne sais pas ce que j’aurais fait à leur place." Père d'un enfant scolarisé dans cette école, élu de la commune et du conseil communautaire, il est à la croisée des problématiques soulevées par ce dossier.
Quel avenir pour le centre de loisirs ?
Le centre de loisirs de Molliens-Dreuil va faire l'objet de travaux "pendant 12 à 18 mois, les premiers algécos devraient arriver la semaine prochaine" explique Catherine D'Hoine. Pendant cette période, pour l'accueil péri-scolaire du mercredi, la municipalité met une salle à disposition des enfants. Mais d'après Catherine D'Hoine, cet accueil est moins qualitatif que celui qui sera proposé à Quevauvillers pour les vacances.
Le maire trouve que la décision est un peu prématurée : "Sur l’été prochain, je comprends que l’on déplace les enfants, car j’espère qu’on sera en pleins travaux, ce serait pertinent. Autant pour les congés d’automne, je ne comprends pas l’urgence. Mais nous avons obtenu une clause de revoyure, pour voir ce que l’on fait à moyen terme, il y aurait encore la place pour la discussion."
Tous les élus insistent sur le fait qu'il y aura des discussions ultérieures sur l'avenir de ce centre de loisirs, mais il ne figure pas sur le schéma de réorganisation de la communauté de communes, ce qui alimente les craintes des parents.
"Le seul avantage de Quevauvillers, c’est qu’il y aura un accueil les deux semaines, alors qu’à Molliens, c’est une seule", concède quant à elle Eugénie Languet. Trouver des terrains d'entente semble donc encore envisageable... Si le dialogue réussit à être renoué entre les différents acteurs de cette polémique.
Ce dossier pose plus largement la question de la taille grandissante des communautés de communes, qui assurent des compétences de plus en plus importantes au détriment des municipalités. Cela permet la concentration de moyens plus importants, mais peut remettre en question l'offre de services au niveau local.
Pour l'heure, les parents d'élèves de Molliens-Dreuil ont prévu de se mobiliser à nouveau samedi 7 octobre en début d'après-midi.