En redressement judiciaire, un agriculteur de Cappy reçoit 34000 € de facture d'eau pour une fuite sur une canalisation

Agriculteur à Cappy dans la Somme, Georges Noyelles vient de recevoir une facture régularisant sa consommation d'eau pour 2019. Une facture d'un montant de 34 583,93 euros. En cause, une fuite sur une canalisation enterrée dans la cour de sa ferme.

 "Si on ajoute des dettes aux dettes que j'ai déjà, je vais me retrouver en liquidation judiciaire." Au téléphone, la voix est fatiguée. Fatiguée d'essayer de trouver des solutions pour sortir son exploitation du redressement judiciaire. Fatiguée que d'autres problèmes viennent compléter le tableau déjà sombre.
 

Déjà en surendettement


Georges Noyelles est éleveur à Cappy, un petit village de 527 habitants dans l'est de la Somme.
 

Avec sa femme Florence, il élève des vaches laitières sur 77 hectares de terres, comme son père et son grand-père avant lui. L'exploitation se portait bien jusqu'à ce que Georges soit obligé de mettre machines et bâtiments aux normes européennes. Des investissements lourds qui, ajoutés à la baisse du prix du lait, ont fait plonger la ferme dans le surendettement.  

En redressement judiciaire depuis un an, l'agriculteur doit éponger chaque mois 20 000 euros de dettes. Des dettes qui ont obligé l'épouse de Georges à prendre un emploi d'auxiliaire de vie pour faire bouillir la marmite. Il faudra encore 13 ans au couple pour tout payer. 
 

Une facture annuelle d'environ 8000 euros


Alors, le courrier qu'il a reçu de la Saur en décembre dernier, Georges n'en avait pas besoin : la société de distribution d'eau lui réclame une régularisation de sa consommation, d'un montant de près de 260000 euros. Une somme à laquelle s'ajoute sa précédente facture de plus de 8000 euros.
 


La cause de cette facture astronomique : une fuite sur une canalisation enterrée dans la cour de sa ferme. "En avril, un technicien est venu chez moi pour me dire que la Saur avait remarqué une surconsommation d'eau dans le village, explique l'éleveur. Il m'a dit : 'Vérifiez-vous canalisations ? Parce qu'il y a peut-être une fuite.' C'est ce que j'ai fait et j'ai trouvé la fuite sur un tuyau enterré à plus d'un mètre de profondeur. Je l'ai réparé le 19 ou le 20 avril et j'ai pensé que ça en resterait là." Des travaux sur le réseau avaient été engagés dans la commune. Ce qui pourrait expliquer que d'autres riverains aient eu le même problème.

Le 24 avril, il reçoit un premier courrier de la société de distribution pour lui signaler une possible fuite. "Je n'ai pas vraiment fait attention à cette lettre. Ça ne servait à rien de signaler une fuite que j'avais déjà réparée." 
 

Pas de dégrèvement possible


Mais le 3 décembre dernier, la facture totale tombe : 34583,93 euros à payer pour 2019. En mètres cubes, cela correspond à trois fois la consommation annuelle de Georges.
 


Un coup dur supplémentaire pour l'agriculteur qui a voulu éclaicir la situation avec la Saur. "J'ai demandé un dégrèvement mais pour eux, cette canalisation n'alimente pas une habitation privée mais la ferme. C'est vrai, mais elle alimente aussi la maison. Les voisins ont eu un dégrèvement parce que c'est du privé. Mais pas moi. Je ne peux pas payer une telle somme. Je veux bien payer un peu mais pas tout : je ne vais pas payer pour de l'eau que je n'ai pas consommée."

Des multiples appels au distributeur d'eau, Georges n'a eu comme conseil que de faire jouer son assurance. "Sauf que ça ne marche pas : il n'y a pas de dégâts des eaux. L'eau est partie directement dans la terre ! ", s'indigne l'éleveur.

Contactée dans la matinée, l'agence Picardie Artois Flandre de la SAUR devait nous rappeler avant la fin de la journée. Ce qu'elle n'avait toujours pas fait à l'heure de publication de cet article.
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité