Résidents d'Ehpad dans la Somme, ils nous racontent leurs souvenirs de rentrée : "le cahier devait être impeccable"

En ce jour de rentrée, les résidents de l'Ehpad de Oisemont dans la Somme ont accepté de se remémorer leur scolarité. Des fameux encriers avec lesquels ils se faisaient des tâches, aux récompenses qu'ils recevaient lors des bonnes notes, tous gardent un souvenir précieux de leurs années d'école.

Ils ont entre 89 et 99 ans. Leurs souvenirs sont parfois intacts. Celui de la salle de classe avec ces bureaux de bois et ces blouses qu'ils portaient pour ne pas se tâcher d'encre. Dans leur mémoire, les écoles sont souvent séparées : les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Résidents désormais à l'Ehpad de Oisemont dans la Somme, ils nous livrent l'une de leurs histoires d'écoliers. 

Un dictionnaire comme cadeau de fin d'étude 

À 99 ans, Madeleine se souvient de ce cadeau qu'elle avait obtenu lors de la remise de son certificat d'études. Elle avait alors 13 ans. "Le jour du 14 juillet, il y avait la distribution des prix pour tous les élèves et ceux qui avaient eu le certificat d'études, on leur offrait un dictionnaire Larousse épais comme ça. Et on chantait la Marseillaise au pied du monument", confie-t-elle.

Le dictionnaire Larousse en question, Madeleine l'a toujours. Il est un peu usé par le temps, elle l'avoue. "Je l'ai gardé des années, mes enfants ont joué un peu avec, il a fini par être un petit peu abîmé mais je l'ai lu tout le temps." Un objet anodin aujourd'hui, peu utilisé, mais précieux au regard de Madeleine. "Nous, on se contentait de peu de choses, alors on était content de tout ce que l'on pouvait nous offrir. Bien sûr que ce dictionnaire, c'était vraiment un beau cadeau. Et un beau souvenir.

Le cabinet noir, la punition ultime 

Pierre, 91 ans aujourd'hui, avait 17 ans lorsqu'il est arrivé en France. Sa scolarité, il l'a passée au Viêtnam. Il se souvient qu'il était un élève assez turbulent. "J'attendais toujours que le gong retentisse pour aller en récréation, confie-t-il. Parfois on s'échappait pour aller manger des soupes vietnamiennes. Mais on revenait toujours à temps !"

Il l'avoue, il lui arrivait parfois de se faire prendre. "Les punitions étaient modérées, il n'y avait pas de châtiments corporels, on ne se faisait pas taper sur les doigts par exemple. On allait au piquet !" Mais ce que redoutaient le plus les élèves selon Pierre c'est le cabinet noir. "C'était une petite pièce obscure. Ça faisait peur et c'était le but recherché !, sourit-il. Heureusement on y restait pas longtemps, 5-10 minutes le temps de se calmer."

La classe sous les bombardements

Une autre pensionnaire, Monique, 89 ans, n'a pas de mauvais souvenirs de sa scolarité. Elle se souvient de l'école de sa commune Saint-Maxen dans la Somme où elle allait à pied, des deux écoles séparées avec les garçons d'un côté et les filles de l'autre. Elle se souvient aussi du couple de professeurs "qui expliquait bien les choses" et des cours de couture qu'elle aimait bien. "Après tout pourquoi pas, c'était bien de savoir coudre. Aujourd'hui il y en a qui réussisse dans la vie et qui ne savent même pas remettre un bouton en place", sourit-elle.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Monique était pensionnaire à Abbeville. L'école sous les bombardements, elle l'a bien connue. "Abbeville a été complètement saccagé à cette époque-là, c'était effrayant, confie-t-elle. Sous l'école, il y avait un sous-terrain et dès que les avions arrivaient, on se cachait dedans. On était contents quand c'était un examen, c'était le moment où on pouvait se donner les réponses. Mais la classe n'arrêtait pas, les instituteurs venaient avec nous et une fois que c'était passé, on remontait."

La petite valise à couture

À 3 ans, Josiane a décidé d'aller à l'école de Neuville-au-Bois dans la Somme pour suivre son frère alors qu'elle n'avait pas encore l'âge requis. "J'adorais l'institutrice et puis j'étais bien à l'école", confie-t-elle. C'est ici qu'elle apprend la couture. "C'était tous les mercredis, se souvient-elle. On avait notre petite valise. J'aimais bien apprendre à faire des points de croix, un peu de tout en fait.

Josiane aurait bien aimé en faire son métier, ou alors coiffeuse. "Mais j'avais une grande famille, avec des frères avant moi qui allaient déjà l'école. Alors je devais aller travailler un peu à droite à gauche dans les fermes. Et puis quand je me suis mariée, j'ai été à l'usine de chaussures de Oisemont", explique-t-elle. C'est dommage qu'aujourd'hui on n'apprenne plus la couture parce que ce que cela sert toujours."

Assise à côté d'une bavarde

Aujourd'hui, on parle d'école maternelle, mais Louise, elle, était à l'école "enfantine". "Maintenant c'est plus moderne", sourit-elle. À 93 ans, elle se souvient de sa scolarité en Normandie. "J'étais une élève studieuse, nous dit-elle. Mes parents y tenaient. Mon père, surtout, surveillait mes devoirs."

Dans la salle de classe, selon les résultats, les élèves étaient déplacés tous les mois. "Si on était premier, on était devant. Si on était 4e, on était plus loin, explique Louise. Et puis une année, j'étais assise à côté d'une bavarde. Alors, j'ai donc fait pareil, j'ai bavardé. Mes parents n'étaient pas contents."

Elle a donc demandé de changer de place pour ne plus être distraite, notamment par ceux qui s'amusaient avec les encriers posés sur les bureaux en bois. "Il fallait faire attention parce que sinon on était marqué sévèrement. Le cahier devait être impeccable." Et pas question d'aller voir les garçons mis à l'écart dans l'autre école. "Ah non, c'était interdit, ce n'était pas comme aujourd'hui. Et puis on était puni sévèrement alors on faisait attention à nous."

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