Après le séisme au Maroc, les habitants sinistrés continuent à recevoir des dons. L’association MCA, "Marcher, connaître, agir", basée à Rubempré, dans la Somme, continue l’acheminement des dons. Trois tonnes de vêtements chauds ont été récoltés.
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, un puissant séisme de magnitude 6,9, ravage l’ouest du Maroc. L’épicentre de la secousse se situe dans la province d’Al-Haouz, à environ 70 km au sud-ouest de Marrakech. Ce séisme, le plus violent depuis 120 ans, provoque des dégâts importants et fait environ 3 000 morts et des milliers de blessés. Quelque 50 000 habitations sont détruites et certains villages sont en ruines.
De nombreuses associations françaises et européennes sont venues en aide à la population sinistrée en envoyant des dons alimentaires, des vêtements et des couvertures.
Une association environnementale reconvertie dans l'humanitaire
En France, l’aide s’est très vite organisée. À Rubempré, dans la Somme, l’association "Marcher, connaître, agir" (MCA) a activé son réseau pour collecter des dons. Elle est présente au Maroc depuis 1999. Créée par un ingénieur dans l’environnement, amoureux du Maroc, l’association a pour objectif premier le reboisement de l’Atlas, une chaîne montagneuse semi-désertique.
Depuis 2008, ses membres organisent des voyages avec des élèves des écoles horticoles de la Somme pour replanter des arbres dans la région. Ils connaissent le pays depuis de nombreuses années. "Dès que le séisme a frappé, notre correspondante à Ouazazate nous a alertés. Nous avons immédiatement contacté tous nos partenaires en Picardie, la société horticole, les maisons familiales et rurales, le centre de formation des apprentis de la Somme et de l’Oise et nous avons commencé la collecte le lendemain de la catastrophe", explique Jean-Pierre Leboucher, président de MCA.
Ils ont besoin de vêtements chauds parce que dans l’Atlas, il gèle, il neige.
Jean-Pierre Leboucher, président de l'association MCA
Dans le petit village d’Agouim, situé dans l’Atlas, à 1 700 mètres d’altitude, 40 maisons ont été détruites et les habitants vivent, depuis près de trois mois, dans des tentes, livrées par l'État marocain. "Il y a quelques dégâts dans les villes comme Ouarzazate, comme des fissures, mais dans les petits villages de l’Atlas, difficiles d’accès parfois, les besoins sont spécifiques. Ils ont besoin de vêtements chauds parce que dans l’Atlas, il gèle, il neige", précise le président de l’association.
Dès le lendemain du séisme, les membres de l’association sur place ont distribué des paniers alimentaires et d’hygiène aux habitants, sur les fonds propres de MCA. "Nous avons acheté sur place, dans les commerces des villages, beaucoup de biens de première nécessité, nourriture et couches pour bébé, des appareils pour contrôler l’insuline qui manquaient aux habitants sinistrés", ajoute Jean-Pierre Leboucher.
Trois convois : trois tonnes de dons
En Picardie, trois tonnes de vêtements chauds et de couvertures ont été collectées par l’association, très vite dépassée par les dons. "Nous avons fait appel à toutes les bonnes volontés pour trier les dons parce que le Maroc avait un afflux de vêtements de toute l’Europe. Ils avaient besoin uniquement de vêtements chauds. Il fallait exclure les t-shirts, les habits déchirés et trier en fonction de l’âge et du sexe. C’était un travail assez dur pour tous les bénévoles." Et ces dons n’ont pu être envoyés qu’au compte-goutte.
Un premier convoi de 1,6 tonne et parti en octobre, un autre début novembre. "L’État marocain nous a fait savoir qu’ils étaient débordés par les dons. Nous avons dû attendre avant d’envoyer les nôtres. De notre côté, à chaque livraison, nous vérifions que tout est arrivé à destination. Nous envoyons aux associations que nous connaissons sur place pour être sûr que nos dons ne sont pas revendus. Ce sont, en particulier, des associations de femmes."
La reconstruction va durer des années. Heureusement, les gens s’organisent aussi entre eux. Il y a une grande solidarité.
Jean-Pierre Leboucher, président de MCA
Le prochain convoi de dons est prévu début décembre. Il partira de Rubempré, et fera escale à Amiens Nord, puis à Paris, destination Ouarzazate. La précieuse cargaison doit ensuite être distribuée dans les villages de la région. "Les habitants de ces villages ont besoin de médicaments aussi. Ils n’ont plus rien. Et il va falloir reconstruire parce que, même si l’État marocain vient en aide à sa population, il ne pourra pas tout faire. La reconstruction va durer des années. Heureusement, les gens s’organisent aussi entre eux. Il y a une grande solidarité", souligne Jean-Pierre Leboucher.
Une aide à la reconstruction
Les membres de l’association continueront, l’année prochaine, leurs missions au Maroc. Toujours dans l’humanitaire, mais cette fois-ci, ce sera une aide à la reconstruction. "Beaucoup d’habitants du village de Agouim et alentour n’ont plus rien pour s’abriter. Ils ont besoin d’acheter des matériaux, du ciment, du matériel électrique et de plomberie. Il n’y a plus de canalisation. Il va falloir les aider", ajoute l’humanitaire. Au printemps, il prévoit d’emmener une équipe en école de bâtiment de la Somme pour la reconstruction d’une coopération au Maroc. "Ils vont découvrir comment on travaille avec pas grand-chose. C’est une leçon d’adaptation, très formateur !", conclut Jean-Pierre Leboucher.