Selon le plan de prévention des risques naturels, les habitants de 10 communes de la Somme qui vivent en zone inondables, doivent construire des refuges dans leur habitation. Ils ont jusqu'au 10 juin pour effectuer les travaux, mais beaucoup d'entre eux ne sont pas au courant.
C'est une disposition qui est visiblement passée totalement inaperçue. Selon le plan de prévention des risques naturels (PPRN), signé en 2016 par la préfecture de la Somme, les habitants de maisons de plain-pied situées en zones submersibles doivent construire un refuge de 7,5 mètres de hauteur dans leur habitation.
Dix communes du littoral sont concernées : Saint-Valery-sur-Somme, Noyelles-sur-Mer, Rue, Saint-Quentin-en-Tourmont, Quend, Boismont, Le Crotoy, Favières, Ponthoile et Fort-Mahon.
Les habitants des sites concernés doivent avoir effectué les travaux nécessaires avant la date butoir du 10 juin 2021. Or, la plupart d'entre eux ignorent totalement cette disposition. "On n'a pas été avisés, nous confie abasourdie une habitante de Fort-Mahon-Plage âgée de 93 ans. Mais qui va devoir construire cela ? Vous savez maintenant ce n'est plus de mon ressort."
C'est par la Baie d'Authie que pourrait venir le danger pour les habitants de Fort Mahon. La digue de plus de 7 mètres de haut existe depuis 1862. Mais au début des années 80, endommagée, elle a cédé. Dans cette commune du littoral, on compte 3500 résidences secondaires et 550 résidences principales. 2000 d'entre elles, sont concernées par le plan de prévention des risques naturels.
"Aujourd'hui, je n'ai eu aucune demande de construction d'espace refuge, déplore Eric Kraemer, conseiller délégué à l'urbanisme de Fort-Mahon-Plage. J'ai l'impression que cette règle, qui est quand même stricte, est passée dans les oubliettes de tout le monde."
Un investissement à prendre en compte
Si les travaux de surélévation demandés ne sont pas réalisés, les propriétaires devront déclarer leurs biens non-conformes et pourraient donc perdre de la valeur à la revente. Or pour construire un tel refuge, le coût des travaux s'annonce élevé. "Pour certains, où l'information est passée, ils n'y croient pas, assure Florence Brossier, présidente de l'association de défense des propriétaires et résidents du Ponthieu-Marquenterre. Ils pensent que cette mesure est inimaginable parce qu'elle va représenter des frais. Et au niveau de l'investissement, on ne sait pas quelle partie serait prise en charge par l'Etat."
Faute d'une vraie compagne d'information, à compter du 10 juin, 13000 habitants des communes du littoral pourraient se retrouver hors la loi, mais en toute bonne foi.