Un agriculteur bio victime d'un incendie : une cagnotte en ligne pour l'aider à se reconstruire

Dans la nuit du 10 au 11 juillet, un incendie a ravagé le hangar de Gonzague Proot, agriculteur bio et éleveur à Herleville, dans la Somme. Une épreuve qui menace de détruire son exploitation : il a lancé une cagnotte en ligne pour tenter de se relever.

"Ma famille est aux abois" : c'est par cette phrase marquante qu'Hermine Proot commence l'appel à la solidarité qui accompagne la cagnotte en ligne créée pour aider son père à se relever, après l'incendie de son hangar agricole à Herleville, dans le Santerre, le 11 juillet.

À l'intérieur du bâtiment, 500 balles de foin destinées à nourrir cet hiver les 45 vaches Salers élevées en agriculture biologique sur l'exploitation. Le foin est parti en fumée, avec des semences, un tracteur...

"Normalement, nous devrions être indemnisés par l'assurance, explique Hermine Proot, juriste et fille de l'agriculteur sinistré, mais quand l'indemnisation va-t-elle arriver, à combien s'élèvera-t-elle ? Cela, nous ne le savons pas et pour faire face aux besoins urgents, nous n'avons rien."

D'autant qu'une enquête sur l'incendie a été ouverte le 11 juillet par le parquet d'Amiens, car une origine criminelle est soupçonnée, le temps des expertises pourrait donc être long, les premiers experts se rendent sur place ce mercredi après-midi.

"Je ne sais même pas combien j'ai perdu"

Installé en agriculture biologique depuis 2010, sur les terres de ses grands-parents, Gonzague Proot élève ses vaches, produit leur nourriture sur ses 139 hectares, ainsi que des céréales et des légumes de plein champ. Il cultive aussi trois hectares de miscanthus pour chauffer ses bâtiments et les huit logements sociaux qui y sont aménagés. Sa ferme quasi-autonome emploie une personne à temps plein et des saisonniers agricoles, aux périodes de désherbage.

Ce sont des années d'efforts qui ont brûlé en quelques heures. "Je ne sais même pas combien j'ai perdu, le bâtiment est totalement détruit, constate l'agriculteur. 500 ballots, le tracteur, le matériel de préparation de sols et semis... Mais ce qui me dérange le plus, ça risque de vous paraître étrange, mais c'est qu'on fait beaucoup d'outils soi-même en agriculture bio. Il y avait des outils de désherbage thermique qu'on a fabriqués, des outils de scalpage... Ça, je ne le retrouverai pas même si je mets de l'argent sur la table."

Un coup de grâce dans des années difficiles

La ferme du développement durable, c'est avant tout un engagement éthique pour Gonzague Proot. "Ma motivation première était d'arrêter le massacre de biodiversité, ce massacre de pollution des nappes phréatiques, je pense que l'on est dans une extinction de masse, souligne Gonzague Proot. Je voulais essayer de trouver un nouvel équilibre entre produire, exploiter, car c'est mon métier et renouer avec la nature."

Une aventure professionnelle qui souffre depuis deux ans de la contraction du marché des aliments biologiques. Si Gonzague Proot continue à bien vendre sa viande, notamment en approvisionnant 18 cantines scolaires, pour les légumes et le blé, c'est plus compliqué. "Les cours du blé biologique ont perdu 120 € par tonne sur deux ans, on est passé de 400 € la tonne à 280 €, regrette-t-il. Pour les légumes, je vends principalement à des négociants, pour la surgélation. Nous avons eu un gros trou, avec une surproduction et peu de ventes. C'est à se demander ce que l'on veut réellement, comme agriculture..."

Encore sous le choc suite à l'incendie, il reconsidère ses perspectives. "Je ne vais pas dire que toutes les expériences sont bonnes à vivre, mais il faut s'en nourrir, quand ces drames vous arrivent, ajoute Gonzague Proot. On va gérer toutes les procédures dans les jours à venir... Mais ce que ça me fait penser là, tout de suite, c'est que je ne serai peut-être pas toujours agriculteur. On peut tout perdre d'un coup. Peut-être que dans l'avenir, je ferai plutôt du conseil..."

Pour l'heure, Gonzague Proot doit d'urgence reconstruire un atelier et s'occuper de sa saison estivale : "j'ai emprunté un tracteur pour semer les haricots, la semaine prochaine". Il devait initialement les mettre en terre le 11 juillet. La cagnotte en ligne a déjà permis de récolter un peu plus de 2 000 € en 24 h.

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