Guerre en Ukraine. Deux soignants de Rue en mission en Pologne pour porter secours à des réfugiés : "on a pris en charge des femmes et des enfants en état de choc"

Nathalie Boëldieu, infirmière libérale à Rue dans la Somme, et Gérard-Sand Chambéry, ambulancier, se sont rendus en Pologne pour soigner des réfugiés ukrainiens. Ils nous racontent leur périple d'une semaine.

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Quelques heures après leur retour, l'émotion est palpable. "C'était choquant. Je suis en colère contre cette guerre.Nathalie Boëldieu, infirmière libérale à Rue, revient de la frontière ukrainienne. Pendant une semaine, avec Gérard-Sand Chambéry, ambulancier et titulaire d'une formation médicale en milieu hostile, ils ont soigné des réfugiés ukrainiens.

Une ambulance remplie de matériel médical

Nathalie, 58 ans, et Gérard-Sand, 64 ans, sont collègues. Ils se côtoient pendant leur activité professionnelle sur le secteur de Rue. Dès l'invasion russe en Ukraine le 24 février 2022, les deux soignants se sont sentis "touchés" : "on avait cette idée de les aider. Tout de suite, on s’est dit qu'on voulait soigner." Les deux amis s'organisent et font des appels aux dons. "On a eu pas mal de dons de matériels de particuliers. De par mon activité professionnelle, je connais bien les pharmaciens. Les professionnels de Rue, Fort-Mahon, Le Crotoy nous ont préparé des cartons avec des pansements, des antalgiques, des bandes, des compresses, des sets à perfusion, des déambulateurs et même un fauteuil…"  L'employeur de Gérard-Sand leur a prêté une ambulance pour transporter le matériel et soigner les blessés. "On avait tout aménagé", résume Nathalie.

Lundi 9 mai, ils prennent le départ de Rue et traversent successivement la Belgique et l'Allemagne. Après 24 heures de voyage, ils arrivent à Przemyśl, en Pologne. "On est parti là-bas car c'est la première grande ville frontalière où il y a une gare. Il y a beaucoup de trains qui viennent avec des réfugiés à leur bord." Mais très vite, les soignants picards constatent que, sur place, tout est déjà organisé. "Il y avait la Croix-Rouge polonaise et des équipes médicales. On a senti qu’on n'allait pas être très utiles ici."

"Les femmes arrivaient à pied d'Ukraine"

Finalement, l'équipe reprend la route et pose ses bagages dans le camp de Medyka, à 200 mètres de la frontière ukrainienne. "On nous a dit qu'on avait besoin de nous. C'était un camp avec des gens pauvres, démunis. Les femmes arrivaient à pied d'Ukraine, avec leurs valises et leurs enfants sous le bras." L'ambiance glace nos deux soignants : "c'est choquant. On entendait les bombardements."

De l'eczéma, du psoriasis... 

Petit à petit, Nathalie et Gérard-Sand ont pu approcher des réfugiés ukrainiens. "Ils ont vu des choses affreuses. Ils sont apeurés car dans certains camps, il y a eu des enlèvements et des viols. L'approche a donc dû se faire en douceur", raconte-t-elle. Une fois la confiance gagnée, les soignants ont pu prodiguer les premiers soins : "il y avait beaucoup d'eczéma et du psoriasis. Ce sont des maladies psychosomatiques liées au stress. On a soigné des femmes et des enfants en état de choc. On a mis en place les traitements. Le but, c'était qu’ils soient indépendants après notre départ." Un suivi psychologique était aussi assuré par certains bénévoles.

Nathalie et Gérard-Sand ont tenté de passer la frontière. En vain. Après une semaine sur place, ils sont rentrés dans la nuit 15 au 16 mai en Picardie. "Ce qu'on a fait, c'est une goutte d’eau. Humainement, c'était riche. J’ai pu prendre les enfants dans les bras, poser ma main sur l'épaule d’une vieille dame… C’est énorme."

Désormais de retour au travail à Rue, Nathalie Boëldieu et Gérard-Sand Chambéry ont toujours leurs pensées tournées vers le conflit ukrainien : "si j’avais pu rester, je serais restée. J’étais dans mon élément. On s’est dit qu’on allait y retourner parce qu’il y a tellement à faire." Face au conflit qui dure, les deux soignants espèrent accorder leurs agendas.

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