À quelques jours du second tour des élections législatives anticipées, Jean-Philippe Tanguy (RN) et Anthony Gest (Renaissance), en duel dans la 4e circonscription de la Somme, ont débattu sur le plateau de France 3 Picardie. Ils ont parlé entre autres de pouvoir d'achat, d'agriculture et de mobilité.
Dans la 4eme circonscription de la Somme, le député sortant jean-Philippe Tanguy (RN), est arrivé largement en tête au premier tour des élections législatives anticipées avec 49,62% des suffrages. Il lui manquait un peu plus de 200 voix pour être élu dès le premier tour. Il devra donc affronter au second tour Anthony Gest, candidat Renaissance, qui a récolté 18,5% des suffrages.
Avant d'aborder les questions de fond des programmes, les candidats ont échangé sur l'entre-deux-tours de ces élections législatives anticipées. Anthony Gest a salué le "courage politique incroyable" des candidats arrivés en troisième position qui ont choisi de retirer leur candidature pour le second tour, afin d'appeler les électeurs à faire barrage à l'extrême-droite. Il a également évoqué les candidats du Rassemblement national qui se sont retrouvés au cœur de polémiques récemment, comme Ludivine Daoudi, dont la candidature a été retirée après la fuite d'une photo d'elle portant une casquette nazie.
Des accusations balayées par Jean-Philippe Tanguy qui assure que dans son parti, "dès qu'une personne est mise en cause, elle est immédiatement retirée et exclue le cas échéant". Interrogé sur la parole d'un Amiénois qui déclarait "en tant que binational, je suis très inquiet, car ce qui est dit n'est rien à côté de ce qui n'est pas encore dit", le candidat RN a répondu qu'il n'avait "pas raison d'avoir peur". Il s'est même engagé dans un argumentaire assurant que "les gouvernements successifs ont laissé le racisme, la misogynie et l'homophobie se répandre", et que "ce n'est pas le fait du RN, bien au contraire". Un discours qui semble avoir pour objectif de renverser les discours tenus par les associations qui appellent à faire barrage à l'extrême droite ou encore les craintes exprimées par l'association amiénoise de défense des droits des personnes LGBT + Flash our true colors.
Les candidats ont ensuite échangé sur les questions de pouvoir d'achat, d'emploi et de mobilité.
Sur le pouvoir d'achat
Sur la question du pouvoir d'achat, Jean-Philippe Tanguy continue de défendre la baisse de la TVA sur les produits énergétiques (carburant, fioul, gaz et électricité), estimé entre 12 et 17 milliards. "On va rééquilibrer l'effort fiscal et libérer le poids qui est aujourd'hui sur les classes moyennes et populaires", explique-t-il. À noter toutefois que cette mesure ne peut être mise en place sans une dérogation de la part de l'Union européenne, qu'il pourrait être difficile d'obtenir.
Pour Anthony Gest, cette mesure "n'est pas la solution, car ça ne bénéficiera qu'aux distributeurs, ce ne sera pas de l'argent en plus dans la poche des Français". Concernant le coût de l'énergie, il propose "la rénovation thermique des bâtiments, avec un plan de financement par une taxe sur les rachats d'action des grandes entreprises", estimant qu'un "logement correctement isolé permettrait aux Français d'avoir moins d'énergie à dépenser, et donc c'est de l'argent qui reviendrait directement dans leur poche". Ce à quoi Jean-Philippe Tanguy rétorque que la rénovation prend du temps, et que l'on ne verrait pas les effets de cette mesure dès l'hiver prochain.
Anthony Gest évoque donc la possibilité de faire baisser la facture d'électricité en réformant le marché européen, et le renouvellement de la "prime Macron", mise en place en 2019. "On va permettre à plus de personnes d'y avoir accès et avec un plus gros montant", promet le candidat Renaissance.
Sur l'agriculture
C'est un sujet crucial dans cette circonscription rurale : l'agriculture. Le département de la Somme compte plus de 460 000 hectares de surface agricoles, et plus de 4 800 agriculteurs, dont beaucoup ont pris part à la mobilisation du monde agricole du début de l'année 2024.
Si les deux candidats s'accordent sur la nécessité de préserver la production française et de développer la souveraineté agricole, ils ont des projets qui diffèrent. Anthony Gest défend le bilan du camp présidentiel en évoquant la mise en place de la loi Egalim en 2017 et en proposant par exemple "des prix planchers par filière, fondés sur les coûts de production".
Pour Jean-Philippe Tanguy, il est nécessaire de s'attaquer à la question de la concurrence déloyale. "Les Français ne peuvent pas utiliser les mêmes produits phytosanitaires que les Allemands, donc leur betterave est plus chère que celle des Allemands. Et si vous ouvrez les marchés, en plus, il y a la concurrence brésilienne", assurant par ailleurs qu'il est favorable à un financement de la recherche pour trouver des alternatives aux pesticides.
Il estime également que l'agriculture est un secteur dans lequel il faut "favoriser l'emploi des jeunes", notamment dans les emplois saisonniers. Sur ce point, Anthony Gest propose quant à lui "d'axer sur la formation professionnelle, se calquer sur les besoins du territoire", en passant par "des diplômes plus valorisants sur le marché du travail, notamment dans l'agriculture".
Sur la mobilité
La question de la mobilité a également été évoqué, dans une circonscription où, d'après les derniers chiffres disponibles de l'Insee, près de 80% des actifs de la circonscription travaillent dans une autre commune ou un autre département que celle où ils habitent, et où près de 85% des trajets domicile-travail se font en voiture. Anthony Gest défend là encore le bilan du gouvernement en évoquant le permis de conduire à 17 ans, une nouveauté mise en place cette année. "Ça permet à des jeunes d'aller faire des études ou, pour ceux qui font de l'alternance, de se rendre sur leur lieu de travail", défend-il, tout en assurant qu'il est nécessaire d'aller "vers des transports plus verts, par exemple avec la réhabilitation de certains chemins de fer".
Sur le train, Jean-Philippe Tanguy dit s'être "beaucoup engagé pour améliorer la régularité des lignes principales de TER sur la circonscription", mais se place également en défenseur de la voiture, "qui a été une conquête notamment pour les habitants des zones rurales qui leur a permis de gagner en liberté". Contre l'interdiction des voitures thermiques prévues pour 2035 par le pacte vert européen, il estime qu'il faudrait plutôt "développer les biocarburants". Et d'ajouter : "Ça ne sert à rien de sanctionner et de culpabiliser les habitants qui ont une voiture thermique".
Anthony Gest assure qu'il ne s'agit pas de "stigmatiser nos concitoyens qui roulent au thermique, mais de permettre petit à petit à tout le monde d'accéder à un véhicule électrique peu cher et accessible".
Le 7 juillet, vivez la soirée électorale du second tour en direct sur france3.fr.