Mercredi 24 juin, dans le cadre du second tour des élections municipales 2020, France 3 Picardie vous proposait un débat entre les prétendants à la mairie de Longueau diffusé à 18h. Voici ce qu'il faut en retenir.
Dans ce bastion du PCF depuis 1925, la tradition communiste pourrait bien s’en aller avec la maire sortante Colette Finet qui, à 80 ans, a décidé de ne pas briguer de troisième mandat.
Le 15 mars, la liste étiquetée divers gauche de Pascal Ourdouillé (conseiller municipal sortant, chef de file de l’opposition), est arrivée en tête des suffrages (37,15%), et a obtenu le soutien de Joël Brunet, maire de la commune de 1987 à 2008. Avec seulement quatre voix de moins, arrive ensuite la liste menée par Nathalie Marchand (36,93%), déjà conseillère municipale déléguée à la santé, conseillère départementale communiste et membre du bureau politique du PC, qui a néanmoins été reniée par le PC de la Somme et n’est pas soutenue par la maire sortante.
La triangulaire est complétée par Fabrice Devaux (divers), restaurateur de la ville et seul candidat qui n’occupe pas de mandat politique actuellement, avec un score de 13,32% au premier tour.
Arrivé quatrième avec 12.6 %, Serge Lefeuvre, premier adjoint dans l’équipe municipale actuelle, a renoncé à poursuivre sa candidature au second tour. Il appelle à voter pour Pascal Ourdouillé, pour faire barrage à Nathalie Marchand.
À l'instar de très nombreuses communes picardes et dans un contexte de crise sanitaire, le premier tour à Longueau a été marqué par un taux d'abstention important : 51,64%. C'est beaucoup plus qu'en 2014 (32,22%) mais il reste près de quatre points sous la moyenne nationale (55,34%).
Une campagne faites de reproches et d'attaques
Le débat organisé sur l’antenne de France 3 Picardie ce mercredi 24 juin était à l’image de la campagne : houleux et ponctué de piques bien senties entre les candidats. Une campagne que Pascal Ourdouillé qualifie de "très dure", en raison notamment des deux plaintes, classées sans suite, déposées contre lui par Nathalie Marchand. Deux plaintes auxquelles il a répondu... par une autre plainte. Elle aussi classée sans suite. Ils s’accusent chacun de diffamation, entre autres. Et si Fabrice Devaux ne s’est pas rendu au commissariat, il accuse tout de même ses deux adversaires d’avoir dépeint les membres de son équipe comme "des fachos" et "des alcooliques".
Chaque candidat semble avoir des reproches à faire aux autres têtes de liste, mais tous assurent n’avoir jamais eu de comportement déplacé. Le ton est rapidement monté, dés les premières minutes du débat, jusqu’à ce que Fabrice Devaux, qui ne s’attendait pas à de telles tensions pour sa toute première campagne politique, qualifie ces échanges de "complètement stupides". Et d’ajouter : "là, on ne travaille pas dans l’intérêt de la ville, on peut ne pas s’aimer, mais soyons respectueux, et montrons une autre image à la jeunesse !"
La santé et les séniors
Et si les comptes ne sont visiblement pas réglés, ils ont poursuivi le débat en abordant leurs propositions concrètes. Sur la question de la santé d’abord, Nathalie Marchand justifie l’abandon du projet de centre communal de santé, qui était à sa charge depuis son élection en 2014, par le manque d’argent de la commune. "J’ai essayé d’élaborer ce projet concrètement, les choses ont avancé, et très vite je me suis aperçue qu’il y avait une défiance, que ce n’était plus possible selon le bureau municipal, dont je ne fais pas partie."
À noter que finalement, c’est un cabinet privé qui a été mis en place, financé par un pharmacien de la commune, qui doit voir le jour d’ici peu, avec de nouveaux praticiens. Un projet loué par Fabrice Devaux, qui s’accorde à dire que le projet de centre communal n’était "pas viable économiquement", et qui promet, s’il est élu, d’encourager les initiatives des citoyens pour ce que la municipalité n’est pas en mesure de faire elle-même.
Pascal Ourdouillé, quant à lui, pense qu’il faudrait mettre à disposition un local de 100 mètres carrés, pour attirer de nouveaux praticiens, comme un dentiste par exemple. Et n’oublie pas au passage de tacler son adversaire : "Depuis deux ans que je suis élu Madame Marchand, vous n’avez pas présenté ne serait-ce qu’un seul travail sur la santé."
Ce qui amène rapidement à parler du sujet très controversé de la Maison d’accueil pour personnes âgées (Mapa), vendu et transformée en Ehpad par la majorité actuelle. Un dossier géré justement… par Nathalie Marchand. Si elle défend fermement son choix, ses adversaires sont convaincus que la Mapa a été "bradée". Fabrice Devaux porte d’ailleurs l’affaire devant la justice, puisqu’il a déposé plainte. "Il y a plein de choses qui ne vont pas dans cette vente", affirme-t-il. Et Pascal Ourdouillé partage son avis : "Si les habitants de Longueau me font confiance, je ferais comme monsieur Devaux, j’attaquerai en justice pour savoir si les habitants de Longueau ont été spoliés", promet-il. Une fois de plus, le ton monte entre les candidats, les esprits s’échauffent.
Un budget très serré
Il y a tout de même des points sur lesquels ils s’accordent. Tous pensent que des travaux sont nécessaires à la mairie, et si Pascal Ourdouillé et Fabrice Devaux rejettent tous deux en bloc l’idée de détruire pour reconstruire, préférant la rénovation ou la réhabilitation du bâtiment, Nathalie Marchand n’est pas si catégorique et n’exclut pas la démolition.
Mais ces travaux, quelle que soit leur nature, auront un coût. Et à Longueau, c’est là que le bât blesse. Si la ville ne croule pas sous les dettes, elle dispose d’un budget très serré, avec une faible marge de manœuvre. À ce sujet, Fabrice Devaux joue cartes sur table : "Je demanderai un audit, car je ne suis pas dans la municipalité, je ne connais pas les chiffres. Nous en avons eu certains, mais pas tous. (…) Je ne veux pas promettre quelque chose que je ne pourrais pas tenir." Il développe tout de même une ligne de conduite qu’il promet d’adopter : "maximiser les recettes, minimiser les dépenses, optimiser et réorganiser les services, utiliser chaque euro à bon escient, sans folle promesse sur les impôts".
Pascal Ourdouillé compte quant à lui revoir en profondeur l’organisation des services municipaux. "73 % de charges de personnel, c’est trop élevé. (…) On va se mettre autour de la table avec les salariés pour redéployer la charge de travail." Il parle également de recettes tirées de la vente de terrains par la CCI et de réduction des factures d’électricité, ainsi que "plein d’autres choses" qu’il préfère ne pas détailler avant l’élection.
Nathalie Marchand promet de son côté de négocier avec les autres collectivités, du département à l’État en passant par la région, pour financer ses projets. Et de solliciter par exemple le dispositif de revitalisation des centre-bourgs mis en place par l’État, pour rénover la mairie, et attirer, autour, plusieurs commerces.
Améliorer le cadre de vie
Enfin, sur la question de l’amélioration du cadre de vie, chacun ses positions. Fabrice Devaux place l’écologie comme une priorité : "c’est déjà le cas pour moi personnellement, dans la vie de tous les jours". Cantines sans plastique, installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, lampadaires moins énergivores, réhabilitation de l’étang communal… des projets qui peuvent chiffrer très vite, mais qu’il assure pouvoir financer grâce à "des aides qu’il faut aller chercher un peu partout." Sur la question de la sécurité, il tombe d’accord avec ses adversaires sur la nécessité de déployer plus de caméras de vidéosurveillance, "car il y a des dégradations, comme au cimetière". Mais il propose également d’installer des caméras sur les agents de polices municipaux "pour protéger les agents, mais aussi pour protéger les citoyens, par rapport à certaines actions policières qu’on voit un peu partout en ce moment. Comme ça, on couvre tout le monde."
Pascal Ourdouillé veut faire de Longueau "un poumon vert", en végétalisant l’espace public et en plantant un arbre fruitier pour chaque naissance. Mais il insiste plutôt sur la sécurité, avec "une mutualisation des moyens de la police municipale" avec des communes voisines, le recours à la "vidéoprotection" (il refusera d’utiliser le terme de vidéosurveillance), la réduction de la vitesse pour les voitures et l’installation de radars pédagogique.
Nathalie Marchand axe son programme sur la sécurité et la propreté : "il y a un travail à faire en lien avec la police, en participant aux cellules de veille, aux conseils internes de sécurité de la métropole (…). Dans la sécurité, il y a la prévention, et il y a la conversation." Elle évoque aussi la nécessité de "revégétaliser les espaces publics" et de "revitaliser les terrains abandonnés".
Revoir le débat
Vous pouvez retrouver tous les débats d’entre-deux-tours sur notre chaîne Youtube. Le dernier débat avant le second tour des élections opposera les trois têtes de listes encore en lice à Amiens, ce jeudi 25 juin.
Le 28 juin, les soirées électorales organisées par France 3 débuteront dès 19h55 pour une première tranche régionale jusqu'à 21h, puis de 21h15 à 22h et enfin de 22h15 à 23h pour les tout derniers résultats. Et sur le site internet de France 3 Hauts-de-France, vous pourrez retrouver les résultats des communes qui vous intéressent, ainsi que les réactions des candidats et les analyses du vote.