Dans le Vimeu, la petite commune de Bouvaincourt-sur-Bresle (Somme) propose à ses 836 habitants l'opportunité de faire des économies sur leur chauffage : ils peuvent venir débiter des arbres dans les bois communaux et paient seulement cinq euros le stère.
Le week-end, de décembre à mars, muni de sa bombe de peinture, François Pégard parcourt les chemins des étangs communaux. Objectif : identifier les arbres à abattre. Ceux qui sont abîmés par les intempéries ou qui menacent de tomber parce qu'ils sont vieux.
Sécuriser les chemins de promenade
Ces arbres marqués pourront ensuite être abattus par les habitants de la commune. Le bois ainsi récupéré pourra être utilisé comme bois de chauffage. Une source d'énergie vendue à un prix très concurrentiel : 5 € le stère.
"C’est surtout pour nettoyer. Et aussi faire plaisir aux gens. L’argent que l’on récolte sert à racheter des arbres qu’on va replanter, explique François Pégard, adjoint au maire de Bouvaincourt-sur-Bresle. Pour que la biodiversité autour des étangs continue à se développer. Mais c’est avant tout pour nettoyer et ne pas encombrer les lieux de branches mortes, etc. On a beaucoup de promeneurs. On a cinq étangs sur la commune. Les gens aiment bien se promener autour des étangs. Et il y a le chemin entre terre et mer qui est bien accessible à pied ou à vélo. Les habitants viennent avec leur matériel. Ça leur permet de se chauffer à moindre coût. Quand on voit le coût de l’énergie, ça aide pas mal de familles."
François Pégard, vient de faire un trait horizontal vert sur le tronc d'un bouleau qui penche dangereusement vers l'étang : une grande partie de ses racines sont à nu et le fragilisent. Il pourra être tronçonné.
Pas d'essences nobles
C'est Stéphane qui va s'en occuper. Cet habitant de Bouvaincourt-sur-Bresle participe tous les ans à cette opération de la mairie. Avec sa tronçonneuse et sa remorque, il en profite pour débroussailler les taillis qui encombrent le chemin de marche et ramasser les quelques déchets laissés par les promeneurs. "Mais le principe, c’est de débarrasser et de prendre l’air. Moi, j’adore ça. Je suis tout seul. On décompresse de la semaine aussi. Et on participe au bien-être de la commune en ayant une commune propre. On essaye de faire attention à tout ça", explique-t-il.
Quelques règles sont quand même à respecter : pas plus de 10 stères par famille. Et les arbres marqués, uniquement des saules ou des bouleaux. Pas d'essences nobles comme le frêne ou le chêne. "C'est pour ça qu'on vend le stère pas cher", rappelle François Pégard. Et Stéphane de renchérir : "c'est du bois qui brûle vite et qui n'est pas très calorifique".
Une gestion collective que pratiquent nombre de petits villages et qui rappelle une ancienne tradition : jusqu'au XVIIIe siècle, les habitants pouvaient se servir librement dans les bois communaux.
Avec Claire-Marine Selles / FTV