Ce vendredi 20 décembre, le gouvernement a statué sur les zones de non-traitement, interdisant l'utilisation de pesticides à moins de dix mètres des habitations et établissement scolaires. Réactions de Nadine Lauverjat de l'association Générations futures et de Denis Bully de la FDSEA de la Somme.
C'était une décision attendue et scrutée par les associations de défense de l'environnement, comme par les acteurs du monde agricole : les agriculteurs devront finalement observer une distance de dix mètres entre les habitations et établissements scolaires et les zones d'épandage de pesticides. Une annonce qui, semble-t-il, ne satisfait personne.
[Communiqué] -? Produits phytosanitaires : le @gouvernementFR renforce les mesures de protection des riverains ?
— Alim'Agri (@Min_Agriculture) December 20, 2019
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"Une très grande surprise"
Pour Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme, l'un des principaux syndicats agricoles, ces zones de non-traitements sont "une très grande surprise".Comme l'ensemble des agriculteurs, je suis sous l'effet de la colère. Notre position à la FDSEA, c'était des zones non-traitées à zéro mètre. Accepter des zones de dix mètres de non-traitement aujourd'hui, c'est ouvrir la boîte de Pandore parce que même à 8 km les zones de non-traitement seront encore insuffisantes.
Le responsable syndical préfère faire confiance aux agriculteurs et s'en remettre à leur responsabilité.
Les agriculteurs sont les premiers responsables : ils ont un certificat qui garantit l'utilisation professionnelle des produits phyto-sanitaires. Nous les utilisons avec des grammages réduits, des prescriptions et du matériel de plus en plus précis, contrôlé régulièrement. Dans les zones rurales, les populations ne sont pas plus malades qu'ailleurs.
[#CP] #ZNT - une profonde incompréhension : malgré des avancées dont la reconnaissance des chartes de bons voisinages initiées par la FNSEA, les textes publiés sont inacceptables pr les agriculteurs. Des mesures de compensation techniques & éco sont indispensables.@JeunesAgri pic.twitter.com/KJVo9WL76z
— La FNSEA (@FNSEA) December 20, 2019
"Dix mètres, c'est trop faible"
De l'autre côté du débat, il y a les associations de protection de l'environnement, qui estiment que la mesure ne va pas suffisamment loin. Nadine Lauverjat, de l'association Générations Futures, affirme qu'"on ne peut pas limiter la protection de la population à des distances de traitement", qui plus est de dix mètres seulement.Dix mètres c'est vraiment très faible. Il y a des études qui sont menées par Santé publique France qui considèrent que la population non-exposée doit être à 8 km des zones d'épandage donc vous imaginez bien qu'à dix mètres les populations continueront à être exposées.
Pour l'association, c'est le principe de précaution qui prime, surtout auprès de certaines populations particulièrement vulnérables.
Le problème c'est qu'on a aujourd'hui des jeunes enfants et des femmes enceintes qui peuvent être concernées par ces épandages et on sait que ce sont les plus vulnérables. Sur ces populations-là il faut être particulièrement vigilants et interdire tout épandage de produits dangereux proche des habitations.
#Pesticides : les riverains ne seront toujours pas protégés des dangers des pesticides et informés des produits auxquels ils sont exposés ! https://t.co/tOIrqibZcS
— Générations Futures (@genefutures) December 20, 2019
Cette mesure entrera en vigueur dès le 1er janvier 2020. En parallèle, le gouvernement annonce poursuivre ses efforts de recherche à propos de l'exposition des riverains aux produits phyto-sanitaires. Une étude étalée sur 4 ans sera notamment lancée en 2020 pour un montant prévisionnel de 14 millions d'euros.