On connaîtra la réponse de la justice le 14 septembre.
Les actionnaires de l'enseigne d'ameublement Alinea, seuls candidats à la reprise partielle de leur chaîne de magasins, sauront le 14 septembre si leur offre prévoyant la suppression d'un millier d'emplois est validée par le tribunal de commerce de Marseille.
Alinea – plus de 1800 salariés et 26 magasins de meubles et décoration à travers la France – a rejoint au printemps la longue liste des entreprises ayant annoncé redressements judiciaires ou restructurations, des magasins de vêtements La Halle, Camaïeu, Naf-Naf au constructeur automobile Renault...
Lundi, à huis clos, le tribunal a examiné la seule offre en lice, déposée par les actuels actionnaires : Alexis Mulliez (15%) et l'Association Familiale Mulliez (AFM, 85%) à la tête de multiples chaînes (hypermarchés Auchan, articles de sport Decathlon, magasins de bricolage Leroy Merlin...)
"Pente descendante"
Si la validation de l'offre déposée via la filiale Néomarché, ne fait guère de doute, le juge commissaire, "soucieux de savoir si, ce qui n'a pas marché jusque-là a des chances de fonctionner dans l'avenir, a suggéré de fixer un rendez-vous dans un an pour voir comment se passe cette reprise", a rapporté à l'issue de l'audience, Me Nathalie Campagnolo, avocate des salariés. Alexis Mulliez, le PDG d'Alinea n'a pas souhaité s'exprimer avant la décision du tribunal.En redressement judiciaire depuis le 18 mai, l'enseigne dont le siège est à Aubagne, dans la banlieue de Marseille, fait valoir des difficultés liées au mouvement des "gilets jaunes", aux grèves contre la réforme des retraites puis à la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.
À l'ouverture de la procédure de redressement, Alinea affichait un passif exigible de 12 millions d'euros pour un chiffre d'affaires annuel de 257 millions d'euros et 62 millions d'euros de résultat net négatif."Cela fait plusieurs années que l'on sentait qu'on était sur la pente descendante", a témoigné auprès de l'AFP Laurence, déléguée du personnel qui ne croit "pas trop à l'effet gilets jaunes et Covid" pour expliquer les problèmes de l'entreprise.
Il est reproché aux actionnaires de chercher à profiter d'une ordonnance post-Covid, déjà appliquée par la marque Orchestra-Prémaman, mais à l'inverse rejetée par le tribunal de commerce de Lille concernant Camaïeu.
Ce texte permet aux dirigeants d'une entreprise qui dépose le bilan de se présenter comme acquéreurs si leur offre maintient l'emploi en effaçant leurs dettes.
Propriétaires d'Alinea depuis 2017, la famille Mulliez réfute vouloir échapper à ses créanciers, nombreux à faire la queue lundi pour entrer dans la salle, et relève que sans son offre, la marque disparaîtrait.
9 magasins sur 26 repris
Si elle permet le maintien d'Alinea, l'offre de Néomarché prévoit une sérieuse cure d'amaigrissement: seuls neuf des 26 magasins seraient repris et 865 emplois conservés sur 1.861.Dans le cadre du plan social, Alinea promet d'ajouter deux millions d'euros d'aides au retour à l'emploi et une enveloppe de "plusieurs millions d'euros" à répartir entre les personnes licenciées.
Ces dernières se verront proposer environ 750 reclassements en interne (Auchan...), 900 postes en CDI dans la galaxie Mulliez et plus de 700 CDI dans d'autres entreprises.
"Le problème, c'est que les reclassements en interne ne correspondent pas toujours à ce qu'on fait", a réagi Malika Bennadji, déléguée du personnel évoquant des reclassements d'agents de logistique à des postes de boucher-charcutier. Alinea nie vouloir profiter de la prise en charge des restructurations par la collectivité: la vente des stocks des magasins non repris et du siège d'Aubagne doit permettre de rembourser les quelque 15 millions d'euros que devraient avancer les AGS, l'assurance de garantie des salaires, affirme l'entreprise.
"Tout cela est fait pour que la famille Mulliez fasse des économies et n'assume pas personnellement sa responsabilité dans le plan de sauvegarde de l'emploi", a déploré Me Campagnolo.
Et de s'interroger : "La famille Mulliez était au courant des difficultés depuis 2010 (...), pourquoi n'a-t-elle pas pris de mesures avant ?"