L'Ufap-Unsa Justice et la CGT Pénitentiaire appellent un tract commun à "un blocage total" des prisons françaises à compter de lundi 6h, après l'agression de trois surveillants par un détenu jihadiste dans le Pas-de-Calais. Un appel suivi par l'ensemble des établissements de la région.
Dénonçant le "laxisme" des gouvernements successifs face au traitement des détenus radicalisés les plus violents, l'Ufap-Unsa Justice, syndicat majoritaire, et la CGT Pénitentiaire appellent "l'ensemble des personnels pénitentiaires (...) à participer aux actions de blocage total des structures", après une première journée de débrayage vendredi dans une bonne partie des établissements du pays.
Un appel qui sera suivi par les surveillants du Centre pénitentiaire de Laon, dans l'Aisne. C'est ce qu'annonce le secrétaire de l’UFAP M. Artmann. "Nous bloqueront l'établissement dès 6h du matin". Vendredi, les surveillants ont retardé l'appel d'un quart d'heure. Une action symbolique en soutien à leurs trois collègues agressés jeudi. À Vendin-le-Vieil, une centaine de surveillants du centre pénitentiaire étaient mobilisés devant la prison.
Les surveillants pénitentiaires de Valenciennes bloqueront également tous les mouvements de la maison d’arrêt dès 7h. Ceux de Vendin-le-Vieil suivront évidemment le mouvement, à l’exception du personnel médical. Les établissements de Liancourt, Beauvais et Amiens seront bloqués dès 6h30.
La garde des Sceaux Nicole Belloubet se rendra mardi au centre de détention de Vendin-le-Vieil. La ministre "a diligenté aujourd'hui même une inspection pour faire la lumière sur les conditions et les circonstances ayant conduit à cette agression", a indiqué son ministère dans un communiqué. "Les syndicats seront reçus à la Chancellerie demain par le cabinet de la garde des Sceaux. La ministre les recevra dans les prochains jours", selon le texte.
Trois fonctionnaires blessés à l'arme blanche
Au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, trois gardiens ont été blessés jeudi à l'arme blanche par l'islamiste allemand Christian Ganczarski, un des instigateurs de l'attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie), qui avait fait 21 morts en avril 2002. Cet ancien cadre d'Al-Qaïda effectuait la fin de sa peine dans cette prison ultra-sécurisée qui doit accueillir prochainement Salah Abdeslam, dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015, lors de son procès en Belgique.
Les syndicats demandent par ailleurs à être reçus "sans délai par la garde des Sceaux" et exigent "la mise à pied immédiate du chef d'établissement, responsable par ses décisions, de la mise en danger" des surveillants.
Ils critiquent en particulier le récent allègement des conditions de détention de Christian Ganczarski alors qu'il avait été placé à l'isolement avec des mesures renforcées après des écoutes qui laissaient penser à un passage à l'acte imminent.
"Les surveillants, qui connaissent le mieux les détenus, qui les voient toute la journée, ne servent qu'à ouvrir et fermer les portes: on ne les écoute pas. Les conditions de travail sont inadmissibles", a réagi Christopher Dorangeville, le secrétaire général de la CGT Pénitentiaire, signataire de l'appel à manifester au côté de son homologue de l'Ufap-Unsa, Jean-François Forget.
Le parquet de Paris sur l'enquête
La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé qu'elle se saisissait de l'enquête. Elle a été ouverte du chef de tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.
Selon l'administration pénitentiaire, les prisons françaises comptaient fin décembre 504 détenus (prévenus ou déjà condamnés) incarcérés pour des faits de terrorisme et environ 1.200 personnes considérées comme radicalisées, majoritairement dans les établissements de la région parisienne.