Ce mardi 21 juillet, les 27 pays de l'Union européenne ont conclu un accord sur le budget communautaire. Si l'enveloppe consacrée à l'agriculture reste peu ou prou stable, les organisations syndicales picardes se refusent à se réjouir trop vite.
Pour le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, c'est une victoire. Un accord sur le budget européen de la Politique agricole commune (Pac) pour la période 2021-2027 a été adopté mardi 21 juillet par les 27 états membres de l'Union européenne. Et alors qu'une baisse de plus de 20 milliards d'euros avait d'abord été envisagée en 2018, son montant reste finalement stable par rapport à la période précédente. Soit quelques 386 milliards d'euros dans lesquels la France, première bénéficiaire de la Pac, puisera environ 62,4 milliards.
Communiqué ? | Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, @J_Denormandie, salue l’accord trouvé sur le budget européen et le plan de relance qui préserve le budget de la politique agricole commune (#PAC) ⤵ https://t.co/lE9yxQpLJs
— Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (@Agri_Gouv) July 21, 2020
Pression environnementale et compétitivité
Une annonce "à relativiser", pour Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme. "C'est une bonne nouvelle si on prend les choses de manière brute mais nous restons sur la réserve." En cause, le montant de l'enveloppe qui est exprimé en euros courants, c'est-à-dire qu'il ne prend pas en compte l'inflation. En valeur réelle, le budget est en légère baisse par rapport à la période précédente. De quoi nourrir les inquiètudes du syndicaliste samarien pour les agriculteurs picards."On nous demande une adaptation constante, pour réduire notre utilisation de produits phytosanitaires et prendre des mesures agro-écologiques mais on n'a pas l'impression que le coût de cette évolution soit pris en compte, poursuit Denis Bully. Alors que nous devons faire face à des marchés mondialisés et des projets de libre-échange qui n'ont jamais été remis en cause." Avec, dans le viseur, les accords du Ceta ou, plus récemment, avec le marché commun sudaméricain du Mercosur.
D'un pilier à l'autre
Pour Vincent Chombart, porte-parole de la Confédération paysanne de la Somme, l'annonce du nouveau budget est "forcément un soulagement". Mais ce qui intéresse en premier lieu le syndicaliste, c'est la répartition de l'enveloppe. Car la Pac se divise en deux piliers. Le premier est consacré aux aides directes attribuées aux agriculteurs, le second au développement, notamment, de la transition écologique vers des pratiques plus vertueuses.Quelques changements, de ce côté-ci, par rapport à la période 2014-2020 : le premier pilier s'élève désormais à 51 milliards (-1 milliard par rapport à la période précédente) alors que le second pilier culmine à 11,4 milliards (+1,4 milliard). "Ça va plutôt dans le bon sens, explique Vincent Chombard, mais si on veut changer les choses, il faut aller plus vite et plus fort." Car pour le syndicaliste, les conditions d'attribution du deuxième pilier demeurent assez vagues.
Si c'est pour favoriser des projets de méthaniseur ou de champs photovoltaïques menés par des grands groupes agroalimentaires qui, en plus, vont amputer les surfaces agricoles, ce n'est pas une bonne nouvelle.
Les enjeux du plan stratégique national
Si le budget, encore soumis au vote du Parlement européen, semble en bonne voie d'être adopté, reste à déterminer l'usage concret qui en sera fait par le gouvernement français. Ce sera l'objet du plan stratégique national, établi d'ici 2021, et qui devra répondre aux attentes des différents acteurs du terrain.À la FNSEA, on espère que l'accent sera porté sur la compétitivité et le développement de la valeur ajoutée. "Il faut donner envie aux jeunes de s'investir, s'installer et reprendre les exploitations de leurs aînés, souligne Denis Bully. Sinon, on va vers un effondrement de nos filières avec un risque accru de dépendance alimentaire envers les autres pays."
Orientation foncièrement différente pour la Confédération paysanne : "Il est nécessaire d'opérer une relance ciblée dans une dimension d'après-covid, conclut Vincent Chombart. Il faut encourager les circuits courts et réimplanter des abattoirs dans la Somme."