Le télétravail, le dessinateur de presse Berkois, Goubelle n'a pas attendu le coronavirus pour s'y mettre. Depuis 7 ans, croquer l'actualité est son métier à temps plein. Entre deux dessins, il s'est confié sur cette période depuis son domicile-bureau de Wicquinghem, près d'Hucqueliers.
Comme tous les hypocondriaques, il se soigne mais...à coups de crayon ! Dominique Goubelle alias Goubelle dessine pour la presse nationale depuis 2013. Depuis le début du confinement, il a peu adapté son organisation de travail: "D'habitude j'envoie mes dessins le matin mais là, avec les enfants à la maison, j'ai un rythme un peu différent. Mais ça ne change pas grand chose car depuis que je suis dessinateur, je suis confiné !", plaisante ce Berkois de naissance qui a choisi de rester dans sa région pour y vivre et y exercer son activité.
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— dominique goubelle (@dgoubelle) April 4, 2020
"C'est dramatique mais c'est inspirant"
Sa matière première, c'est l'actualité. La Syrie, les attentats, ou plus récemment les Gilets jaunes et la réforme des retraites, les sujets sont rarement gais et les rendre plus légers, c'est tout le talent du dessinateur de presse: "Pour Charente Libre par exemple qui est un quotidien, j'envoie un ou plusieurs dessins et ensuite on affine les choix au fil de la journée avec le rédacteur en chef. Je dois reconnaître que je suis plutôt inspiré en ce moment. Je suis surpris de trouver encore autant d'angles différents. Je suis remonté dans mon historique, mon dernier dessin hors coronavirus remonte au 25 février, au moment du procès Fillon".
Pas de censure
Pour VSD, Le Point, ou L'Auto-journal, les autres titres auxquels Goubelle collabore et dont la parution est hebdomadaire ou mensuelle, l'envoi des dessins se fait un peu différemment mais il travaille en totale liberté : " Je n'ai pas de cahier des charges, je ne suis jamais censuré , j'ai de la chance. Et je ne m'autocensure pas non plus, les limites se font naturellement".
Depuis le début de la crise, l'effet confinement se sent chez les lecteurs, plus nombreux que d'habitude en tous cas sur les réseaux sociaux où il publie ses instantanés : " Malgré la gravité du sujet, les dessins qui essaient de dédramatiser un peu, donnent le sourire au gens si j'en crois les commentaires. Ordinairement, un dessin touche entre 1000 et 1500 personnes via les réseaux, là c'est plutôt 2500. Certains sont vus jusqu'à 20 000 fois."
Plus de lecteurs
Cette inspiration et cette augmentation des lecteurs du moment, le dessinateur Goubelle les partage avec des confrères :" J'ai des échanges quotidiens avec d'autres collègues dessinateurs, notamment mon ami Xavier Delucq avec qui on se surprend à avoir autant d'inspiration, de retours et parfois c'est un peu d'autosatisfaction. L'impression en tout cas du travail accompli. Et puis ça change de la politique, on est dans la vraie vie. Je mets en situation des gens. Mon but n'est pas faire tous les jours un dessin sur le nombre de morts".
Mais face à cette euphorie relative, confiné dans son village de 250 âmes du canton d'Hucqueliers, Dominique Goubelle reconnaît qu'il n'avait pas vu l'épidémie arriver : " Personne n'aurait pu imaginer vivre cela. Et là c'est l'hypocondriaque qui vous parle, ce qui m'inquiète aujourd'hui le plus c'est le déconfinement. Ça m'angoisse".
Nul doute que pour bien des jours encore, Goubelle va plancher sur le coronavirus car la presse continue. Son activité de dessin pour les agences de communication étant pour l'heure arrêtée.