Même si une enquête interne a mis en avant une chaîne de décisions efficace au moment de l'attentat déjoué du 21 août dans un Thalys, la direction a annoncé vendredi des mesures pour affronter des situations extrêmes.
Moins de dix minutes se sont écoulées entre le moment où Ayoub El Khazzani, 25 ans, est sorti des toilettes du train, kalachnikov en bandoulière, et celui où le Thalys Amsterdam-Paris - qui s'était arrêté une fois le signal d'alarme tiré - est reparti vers la gare d'Arras. "Ils sont allés vite là où il fallait pour soigner les blessés. Les secours, la police, étaient là à l'arrivée", a salué la directrice générale de Thalys, Agnès Ogier, dans un entretien à l'AFP. "Dans le contexte de tension extrême de cet attentat, les réactions de l'ensemble des intervenants (personnels du train, centre de contrôle de l'infrastructure à Lille, de Thalys à Bruxelles) ont permis de répondre au mieux à une situation sans précédent", souligne le rapport de l'enquête interne publié vendredi.
Néanmoins, cette chaîne de réactions repose, certes, sur des procédures, mais est aussi "le fruit d'un certain nombre d'initiatives", a observé Agnès Ogier, qui évoque "une succession d'actions, et un peu de chance". La filiale de la SNCF a donc annoncé plusieurs mesures visant, dans des situations extrêmes, à "abaisser le niveau de stress, gagner du temps (dans les actions) de façon certaine", a commenté sa patronne. L'enquête, menée à partir des témoignages et éléments enregistrés par le train, montre en effet "plusieurs points de fragilité du système" et estime que l'entreprise doit entre autres "mener une réflexion sur (...) un moyen direct de communication entre la rame et le conducteur".
Une formation à la gestion des risques de panique
Les agents seront, ainsi, formés à la gestion des risques de panique. Seront également renforcées les formations aux itinéraires de contournement, et celles destinées au personnel non-roulant, pour leur permettre d'agir lorsqu'ils voyagent à titre privé. Les numéros d'appel d'urgence de chacun des quatre pays traversés par le Thalys seront affichés à bord. "Il faut qu'on préserve les fondamentaux du ferroviaire car ils ont fait leurs preuves, il ne faut pas prendre de décision sous le coup de l'émotion", a néanmoins mis en garde Agnès Ogier. Quant au déroulé des faits, selon l'enquête, "la succession des trois premières interventions, celle du passager français, puis l'arrivée des deux contrôleurs, et enfin celle, décisive, du passager (blessé par balle, NDLR), (...) a fait perdre suffisamment de temps au terroriste pour permettre l'intervention finale des trois Américains", dont un avait été blessé.L'un des contrôleurs, à qui l'acteur Jean-Hugues Anglade, présent à bord du train, avait reproché de s'être retranché dans une cabine fermée au bout du train avec deux membres du personnel de restauration et trois clients, a dit "avoir craint directement pour sa vie, avoir été pris de panique et s'être senti comme +enfermé dans un tunnel+", et n'a "pas eu le réflexe d'alerter les passagers". "La reconstitution (...) a démontré en outre qu'il n'est pas possible de percevoir distinctement des appels en provenance (de l'extérieur), depuis le fourgon, lorsque la porte côté motrice est ouverte", ajoute le rapport. Le terroriste était en réalité déjà maîtrisé lorsqu'ils sont allés se cacher, et quand des passagers, paniqués, ont frappé à la porte de cette cabine pour s'y abriter également.
La police néerlandaise a évacué vendredi un Thalys et une partie de la gare de Rotterdam, après qu'un homme s'est enfermé dans les toilettes du train pendant près de trois heures. Interpellé, ses intentions restaient inconnues, mais son sac à dos ne contenait que des "effets personnels".