Après avoir rencontré dimanche les dirigeants de Thalys et de la SNCF, l'acteur Jean-Hugues Anglade a maintenu sa version qui accuse des membres du personnel du train d'avoir abandonné les passagers, et s'est vu répondre que son témoignage serait "pris en compte" dans l'enquête interne.
"Le témoignage incontestable de Jean-Hugues Anglade et de sa compagne décrit avec une grande émotion ce qu'ils ont vécu dans la voiture 11 du train Thalys, contigüe de celle de l'attentat", indique le communiqué signé par l'acteur et sa compagne, ainsi qu'Agnès Ogier, directrice générale de Thalys, et Guillaume Pepy, président de la SNCF. Le texte rappelle l'accusation de l'acteur, mais précise que les agents incriminés font partie du "personnel de restauration", un point que Thalys et le SNCF font valoir depuis dimanche matin car il s'agit de salariées d'un sous-traitant.
"Jean-Hugues Anglade, sa compagne et ses deux enfants ont vécu (...) un moment dramatique et ressenti un abandon. Ils ont regretté que le personnel de restauration présent dans cette voiture ne les ait pas alertés des tirs en cours dans l'autre voiture et ne les ait pas emmenés avec eux à l'extrémité du train pour les mettre en sûreté dans le compartiment destiné aux bagages où ils auraient été protégés", indique la déclaration.
Enquête interne
En réponse, "Agnès Ogier a assuré Jean-Hugues Anglade et sa compagne que leur témoignage comme celui des autres passagers sera pris en compte dans l'enquête interne menée par Thalys". "Toutes les personnes concernées sont entendues pour expliquer leur comportement pendant le drame". Seule atténuation, l'acteur ajoute dans ce texte que son témoignage "ne constitue pas un jugement de valeur sur tous les personnels Thalys ou SNCF présents ce jour-là" et que "le contrôleur français et l'autre employé de Thalys présents dans la voiture où a eu lieu l'attentat, ont fait preuve (...) d'un comportement héroïque".Au moment de l'attaque d'Ayoub El Khazzani, l'acteur se trouvait dans la voiture 11 qui comprend à son extrémité un fourgon à bagages. Selon la directrice de Thalys, "un agent a senti une balle le frôler. Il est parti, avec cinq ou six voyageurs, se réfugier dans le fourgon". La SNCF a elle indiqué que les deux hôtesses que l'acteur a vu passer "ne sont pas du personnel de Thalys ou de la SNCF", mais des "salariées du sous-traitant" qui gère l'espace-bar. "Des membres du personnel naviguant ont couru dans le couloir, le dos courbé. Leurs visages étaient blêmes. Ils se dirigeaient vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l'ont ouvert avec une clef spéciale, puis se sont enfermés à l'intérieur...", avait raconté samedi Jean-Hugues Anglade à Paris-Match. "Collés les uns aux autres contre la porte métallique de la motrice. Nous tapions dessus, nous criions pour que le personnel nous laisse entrer, nous hurlions "Ouvrez !" On voulait qu'ils réagissent ! En vain... Personne nous a répondu. Silence radio. Cet abandon, cette détresse, cette solitude, c'était terrible et insupportable !". Le comédien, âgé de 60 ans, s'est blessé à la main en brisant la vitre pour actionner le système d'alarme.