"Un adolescent" de 32 ans : Stéphane Rossetto, pour son premier Tour de France, s'est fait plaisir samedi autour de Bruxelles en s'offrant un petit numéro en solitaire lors de la première étape, quelques mois seulement après une sévère blessure.
En amateur de l'effort individuel et du contre-la-montre qu'il est, le coureur de l'équipe nordiste Cofidis n'a pas réfléchi longtemps lorsque le peloton s'est regroupé à 58 kilomètres de l'arrivée. Il a tenté le coup, seul, au culot, creusant l'écart jusqu'à près de deux minutes. Et résistant pendant près de 50 kilomètres aux équipes de sprinteurs, qui ont roulé à fond pour ne pas rater cette première occasion de briller.
"Devant, je me sentais bien mais sur les grandes avenues, des faux-plats montants, j'étais complètement arrêté, j'étais à 35 à l'heure, c'était mort", a-t-il réagi. "Mais si on reste dans les roues, rien ne se passera. Moi je tente, je suis en forme, c'est mon premier examen de passage avant de tenter quelque chose de mieux", a souri le Francilien, qui a appris sa sélection pour le Tour une semaine seulement avant le Grand Départ.
Ce Tour, c'est presque du bonus pour Rossetto, qui marchait encore en béquilles il y a moins de quatre mois. Victime d'une triple fracture du bassin, le natif de Melun a cravaché pour revenir, avec dans un coin de la tête cette participation à la Grande Boucle, l'une des lignes qu'il rêvait d'ajouter à son palmarès.
"Un amoureux de vélo"
"On me pose toujours la question, +tu as fait le Tour ?+ Et quand je réponds que j'ai fait la Vuelta, il y a toujours un petit blanc", racontait-il quelques jours avant le départ, quelques jours aussi après avoir pris la deuxième place des championnats de France du contre-la-montre. "On parle beaucoup de moi, mais derrière il faut assurer. Cela se joue sur le vélo".
Le trentenaire a joué. Il n'a pas gagné. Mais ce "fan de Sylvain Chavanel" n'a pas été loin de rendre parfaitement hommage à son aîné, un habitué des tentatives en solitaire en fin d'étape. "On m'appelle parfois la machine, mais la machine historique, c'est lui", disait Rossetto jeudi.
"Stéphane prend tellement de plaisir pour son premier Tour que quand l'opportunité s'est présentée, il a voulu en profiter", s'est enthousiasmé le manager général de son équipe, Cédric Vasseur. "Il a 32 ans, mais on a l'impression que c'est un adolescent. C'est un amoureux de vélo. Il découvre le Tour de France qu'il a toujours rêvé de faire, et il veut profiter de chaque instant pour ne pas avoir de regret."
Pour laisser les regrets de côté, Rossetto aura au moins le privilège d'être le premier porteur du dossard rouge de combatif du jour. "Ce dossard, ça lui va vraiment bien", a résumé Vasseur.