Traversées de la Manche : une frontière sous haute surveillance qui ne dissuade pas les migrants

Une présence aérienne, maritime et terrestre, des heures de patrouille, un ratissage des dunes et des plages : malgré la surveillance constante du littoral, le nombre de migrants tentant de rejoindre l'Angleterre en traversant la Manche sur des embarcations de fortune ne cesse d'augmenter.  

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Jeudi, 22H. L'orage approche et pourtant la plage du Châtelet à Tardinghen (Pas-de-Calais), l'un des points de départ des petites embarcations de migrants, est aussi calme qu'un lac. 

Au large surgit un patrouilleur de la Marine nationale. Parti de Boulogne-sur-Mer, le bâtiment de guerre à vitesse lente commence sa "surveillance nocturne" prêt à se porter au secours du moindre naufragé. Devant, les côtes anglaises s'estompent dans la nuit.

Sur la plage, comme chaque soir, deux gendarmes équipés d'une puissante torche, scrutent les plages pour empêcher de potentiels candidats au départ. 

Un boulevard vers le Kent

Puis un vacarme déchire le silence de la nuit et un puissant projecteur balaie l'estran et les dunes : l'hélicoptère Dauphin de la Marine nationale effectue son premier "trait de côte" de la nuit, dans cette baie de Wissant dont les plages de sable sont réputées pour être des bases de départ des clandestins, loin du trafic des ferries de la ligne Calais-Douvres. Il s'attarde de longues minutes le long des falaises abruptes du Cap Blanc-Nez.

"Par temps clair", il est possible de distinguer du haut de ce cap "les phares des voitures qui empruntent la route montante du château de Douvres", avance Jean-Marc, un pur Calaisien sur la jetée de l'Ouest. Le détroit du Pas-de-Calais semble être un boulevard menant tout droit sur les ports du Kent.

"Cette voie royale est une véritable autoroute de la mer, avec ses pièges et ses dangers, ses quelque 300 cargos qui la croisent dans chaque sens quotidiennement, un rail montant menant vers le Nord-Est, l'autre descendant vers la Manche et l'Atlantique, des bateaux de pêche, des ferries, des plaisanciers, qui sillonnent ce bras de mer où règnent des courants, les bancs de sable, où s'abat sans crier gare le mauvais temps...", rappelle un sauveteur en mer.

"Immensité de la zone"

Dans la petite commune de Wissant, qui s'endort après une journée écrasante de touristes, deux équipages de véhicules de la gendarmerie inspectent les parkings de la côte à la recherche d'indices. 

Plus à l'Est, à Sangatte, une patrouille de la Brigade mobile de recherche de la police aux frontières (BMR) de Coquelles encadre aussi la moindre présence suspecte. Ici, une rampe de mise à l'eau des engins pneumatiques des services de secours est bien connue des passeurs, mais peu utilisée l'été en raison du nombre des touristes qui, en pleine nuit, se promènent encore sur la longue digue bétonnée de quatre kilomètres longeant la dune. 

Malgré cette surveillance serrée du littoral, les tentatives de traversées augmentent depuis plusieurs mois. Car les difficultés sont multiples pour les autorités : l'"immensité de la zone à couvrir, des conditions d'intervention difficiles", la "volonté des migrants de passer coûte que coûte malgré le risque", ou encore les "violences des passeurs pour les forcer à embarquer", notamment en "surchargeant les bateaux", énumère le procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer Philippe Sabatier.

Moyennant environ 3.000 euros par personne selon lui, ces passeurs font embarquer les migrants sur des embarcations de fortune, majoritairement des canots pneumatiques.

Un plan de lutte contre les traversées maritimes illégales, élaboré en concertation avec les autorités britanniques, est en cours de finalisation pour renforcer les moyens de contrôle sur les côtes et en amont des principaux points de passage.
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