L'auteur du documentaire "COVID-19 : 23 jours au cœur d’un hôpital", diffusé ce lundi soir à 23h10 sur notre antenne, raconte son expérience en immersion dans un hôpital belge au coeur de la crise du coronavirus.
Olivier Evrard a tourné un film en immersion dans un hôpital de La Louvière, en Belgique, pendant 23 jours et 23 nuits, du 21 mars au 13 avril 2020.
Durant trois semaines, Olivier Evrard a été un regard extérieur, à l’intérieur. Il a filmé les femmes et les hommes au travail, la mobilisation de tous, professionnels et bénévoles, et a recueilli les confidences, les doutes et les espoirs des soignants, de toutes celles et ceux qui se sont battus pour la vie de leurs patients et qui, désormais, sont liés pour la vie.
1/ Comment avez-vous organisé ce tournage, et quelles ont été ses conditions ?
J’avais déjà tourné aux urgences de l’hôpital auparavant. Et c’est l’hôpital qui m’a rappelé. Ils voulaient simplement garder une trace de ce qu’ils étaient en train de vivre pour leurs archives. J’ai très vite compris que la situation méritait d’être diffusée, que le public devait prendre conscience de ce qui se passait au sein de cet hôpital.
2/ Qu'est-ce qui vous a le plus marqué pendant votre immersion dans l'hôpital ? Sur le plan des moyens et de l'organisation de l'hôpital et sur le plan humain ?
Sur le plan des moyens, j’ai vu un hôpital qui avait tous les outils intellectuels et matériels pour assumer cette crise. Ils s’adaptaient très bien à cet ennemi encore mal connu. Tant au niveau organisationnel qu’au niveau médical. Sauf pour les moyens de protections… Là, c’était la préhistoire. On rationnait des blouses, des masques, on organisait des ateliers de couture sauvages pour protéger le personnel. Un personnel qui avait peur de ce manque de protections. Mais ils allaient au front.
Ce qu’on apprend au milieu des fléaux, c’est qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer qu’à mépriser
3/ Quel message voulez-vous vous livrer avec ce film ? Que souhaitez-vous que les téléspectateurs retiennent ?
Je termine mon reportage par une citation de la peste de Camus : "Ce qu’on apprend au milieu des fléaux, c’est qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer qu’à mépriser". Je pense que c’est ça que j’ai appris.
Et je retiens une image qui résume tout : une main gantée de caoutchouc qui prend la main nue d’un patient COVID en peine pour le réconforter. C’est l’image même de cette part d’humanité qui passe à travers tout, quel que soit le fléau.
Olivier Evrard était l'invité du JT 12/13 ce lundi 11 mai.
Ce qui touchait le plus les personnels, c'est que des patients devaient mourir seuls
"COVID-19 : 23 jours au cœur d’un hôpital"
Un film d'Olivier Evrard
Une coproduction Look - RTBF
Avec la participation de France Télévisions