Les négociations entre l'Union européenne et le Royaume-Uni ont atteint un stade critique et la pêche, l'un des principaux points d'accrochage, risque d'en être victime.
Les pêcheurs de la Côte d'Opale retiennent leur respiration à l'approche du 1er janvier 2021, date effective du Brexit, alors qu'aucun accord n'est en voie d'être trouvé. La pêche fait partie des trois principaux de blocage dans les négociations avant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et si rien n'est acté, les Britanniques reprendront le contrôle de leur zone économique exclusive.
9 poissons sur 10 pêchés en eaux britanniques
Cette zone comprend les eaux territoriales de nos voisins, dans laquelle les pêcheurs européens – notamment français, irlandais et espagnols – pêchent 760 00 tonnes par an (pour une valeur totale de 635 millions d'euros), soit davantage que les Britanniques. Les Français, y réalisent 30% de leurs prises, et même 90% pour les chalutiers des Hauts-de-France.
"Si le Brexit passe, je vois pas beaucoup d'avenir pour moi", glisse Louis Leprêtre, pêcheur boulonnais. "Je pense qu'il va falloir que je me récale sur un autre métier."
Le gouvernement multiplie les signes pour apaiser les pêcheurs. Début décembre, Jean Castex s'était rendu à Boulogne-sur-Mer et à Calais, où il avait assuré que la pêche française ne serait pas "sacrifiée" sur l'autel des négociations commerciales post-Brexit ; promettant par ailleurs un "plan d'accompagnement" dans le premier port de pêche de France.
Plusieurs mesures ont été proposées pour contenter les Britanniques : des quotas réduits (60% à 80%) pour les bateaux européens, ou encore une redevance avec 15% à 18% du montant des prises reversées à nos voisins... En vain, jusqu'à maintenant.
Le risque de la surpêche en eaux françaises
Une absence d'accord pourrait pourtant avoir de graves conséquences sur l'écosystème, rappelle le directeur du comité régional des pêches Olivier Leprêtre : "Si on se retrouve tous dans les eaux françaises, c'est une surexploitation des ressources." Et "pêcher jusqu'au dernier poisson, ce n'est pas envisageable parce qu'il n'y aura plus de reproduction derrière. Les pêcheurs britanniques ont gros à perdre également, parce qu'il y a quand même le marché européen qui est très important. Les Britanniques ne consomment que 30% de leur production, donc le marché européen est le premier marché. S'ils perdent ça, ça va leur faire très mal."
Pour autant l'idée, chez les Britanniques, de regagner leur souveraineté en mer a été très tôt un argument brandi par les pro-Brexit, même si la pêche ne compte que pour 0,1% de l'économie du pays. "J'espère que le gouvernement britannique tiendra sa promesse et reprendra le contrôle de nos eaux", confie un pêcheur britannique.