VIDÉO. Traversées de la Manche : un reporter de la BBC fait polémique en se filmant devant un bateau de migrants

Plusieurs internautes pointent du doigt son indifférence, alors que les personnes derrière lui écopent sans cesse le bateau dans lequel l'eau s'infiltre.

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La BBC et son reporter Simon Jones concentrent les critiques, depuis lundi 10 août et une séquence diffusée au BBC Breakfast, tôt le matin. On y voit le journaliste filmé en mer, devant un bateau de migrants en route vers les côtes britanniques.

Non assistance

Une vingtaine de migrants se trouvent dans l'embarcation, indiquant venir de Syrie. Il est également précisé que les personnes à bord du bateau se servent d'un contenant en plastique pour évacuer l'eau, qui s'y infiltre. L'indifférence de Simon Jones, qui ne leur vient pas en aide, est pointée du doigt par de nombreux internautes.

"Simon Jones se tient sur un bateau, regardant des gens désespérés essayer de traverser le détroit dans une embarcation pas faite pour naviguer en mer dont ils doivent constamment retirer l'eau, et il ne fait rien pour les aider", tweete l'un d'eux. Un autre évoque "peut-être l'image définitive du Brexit".
    "Simon Jones, comment auriez-vous dormi la nuit si ces personnes s'étaient noyées sous vos yeux en direct pour la BBC ?" l'interpelle une autre. Ce n'est pas la première vidéo du genre. Le 7 août dernier, Simon Jones avait également suivi une embarcation de migrants pour le compte de BBC Breakfast. Plusieurs internautes accusent la télévision publique britannique de conforter les idées d'extrême-droite et de détourner l'attention de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement britannique (46 500 décès).

Difficile de savoir s'il n'y a aucune assistance de la part de l'équipe de la BBC. Dans un tweet – antérieur au reportage – l'un de ses collègues, Gavin Lee, avait indiqué que la police était prévenue de la présence d'une embarcation. On peut supposer qu'il en était de même pour le groupe de migrants filmé le lundi 10 août à l'aube.

La BBC n'est pas la seule chaîne britannique à avoir vu ses journalistes interviewer de près les migrants à bord d'embarcations. C'est également le cas de la chaîne Skynews.

Multiplication des traversées

Malgré le risque et la mobilisation d'importants moyens de surveillance, les tentatives de traversées clandestines de la Manche entre la France et l'Angleterre se multiplient, un phénomène lié notamment aux réseaux de passeurs, de plus en plus organisés.

Depuis le 1er janvier, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a ainsi comptabilisé 342 tentatives ou traversées impliquant 4192 migrants, contre 203 tentatives ou traversées impliquant 2294 migrants sur l'ensemble de 2019. 

Les autorités voient parfois "plusieurs dizaines de personnes tenter la traversée sur une seule journée" et même 232 le 30 juillet, confirme Philippe Sabatier, procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer. Une situation qui a suscité dimanche le courroux du gouvernement britannique, et entraîné une réunion à Paris ce mardi."Sur le terrain, cela se traduit par des flux importants de migrants, il y a beaucoup de nouveaux arrivants et aussi de gens qui disparaissent, dont une partie arrive à traverser", confie François Guennoc, vice-président de l'Auberge des migrants, qui recense actuellement "entre 1.000 et 1.200 migrants" répartis sur la zone de Calais-Coquelles, où les démantèlements sont réguliers.

3000 euros par personne

Même si la météo estivale incite davantage aux départs, "on n'aurait jamais pensé que les traversées prendraient une telle ampleur, bien qu'elles aient connu une croissance régulière depuis octobre 2018", note-t-il. Mais "cela fonctionne, car le taux de réussite des traversées est entre 60 et 70% ce qui est quand même significatif." La préfecture du Pas-de-Calais affiche, en revanche, auprès de l'AFP, d'autres résultats : "de janvier à juillet 2020, les traversées empêchées et les interpellations de migrants ont été multipliées par plus de 5, par rapport à la même période en 2019. Pour juillet 2020, nous avons empêché 10 fois plus de traversées qu'en juillet 2019 et 4 fois plus d'embarcations et de matériels ont été découverts dans les dunes".

Moyennant en moyenne 3.000 euros par personne, les passeurs font embarquer les migrants sur des embarcations de fortune, majoritairement des pneumatiques achetés sur des sites d'annonce mais aussi en Belgique, Allemagne ou aux Pays-Bas. "Quand les conditions climatiques le permettent, ils livrent le bateau sur la côte puis s'assurent que les clients rejoignent le lieu d'embarcation (...) C'est un mode de passage particulièrement lucratif et plus facile à organiser", explique M. Sabatier.

Pour la police, les difficultés sont multiples: l'"immensité de la zone à couvrir, des conditions d'intervention difficiles", notamment pour "repérer les migrants de nuit sur des plages aux reliefs divers", la "volonté des migrants de passer coûte que coûte malgré le risque", ou encore les "violences des passeurs pour les forcer à embarquer, notamment en "surchargeant les bateaux", énumère M. Sabatier. 

"On répète sur tous les tons que c'est extrêmement dangereux, mais en sachant qu'ils ne se tuent pas, ils ont envie de passer, même avec des moyens invraisemblables comme des planches de paddle ou des canots..." regrette Claire Millot, secrétaire générale de l'association Salam.
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