L'innovation séduit de plus en plus de communes françaises comme c'est le cas pour Plourin-lès-Morlaix. Ce textile a la particularité d'attirer les micro-organismes présents dans le sol. La solution permet de piéger et de dégrader les micropolluants présents dans les eaux pluviales.
À première vue, ce textile bleu n'a rien de spécial. Et pourtant, la bâche de 960 mètres carrés qui vient d'être installée à Plourin-lès Morlaix, au sein d'un futur lotissement composé de 33 parcelles, est issue de plusieurs années de recherches.
Un textile qui piège les micropolluants
La conception de cet "aquatextile" joue comme un piège bien particulier. "On a, au sein des fibres, une migration des micro-organismes qui vont venir habiter dans le textile pour se nourrir" indique Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour la société "TenCate AquaVia".
Parmi ces micro-organismes, des champignons et des bactéries présents naturellement dans le sol et qui sont très gourmands. Cet appétit leur permet de digérer des polluants comme des hydrocarbures et des HAP, des "hydrocarbures aromatiques polycycliques" générés par la combustion de matières fossiles dans les moteurs diesel.
Ces substances, très dangereuses pour la santé et à l'origine de certaines formes de cancers du poumon ou encore de la peau, peuvent se retrouver suite à la pollution de l'eau potable.
Installée dans un bassin, la bâche textile va pouvoir retenir les hydrocarbures provenant de la circulation routière dans le futur lotissement. Selon Grégory Lucas, "grâce à ces micro-organismes, on n'a pas l'effet de saturation et de colmatage aux hydrocarbures dans les eaux pluviales car la dépollution s'opère plus vite que la pollution suivante qui arrive."
Le système fixe les micropolluants de manière irréversible
Grégory LucasIngénieur d'affaires société "TenCate AquaVia"
Une solution retenue par la commune de Plourin-lès Morlaix pour équiper le futur lotissement. Car en sous-sol, juste sous la surface se trouve une nappe phréatique précieuse. Et un peu en aval des futures constructions, une zone humide très fragile en termes de biodiversité.
Pour Claude Poher, adjoint au maire en charge de l'urbanisme, de l'aménagement et de l'habitat, "notre but est de limiter des arrivées d'eau dans les rivières et pour ce faire on filtre l'eau au maximum dans le lotissement."
Moins de risques d'inondations pour la commune voisine de Morlaix
Claude PoderAdjoint au Maire de Plourin-lès-Morlaix
Ce dispositif va aussi permettre de lutter contre le risque d'inondation. L'eau dépolluée par le textile peut rester sur place et s'infiltrer sans risque de contamination dans les sols à proximité, au lieu de regagner les réseaux d'eau pluviale puis rapidement les rivières. "Il y aura moins d'eau dans la ville de Morlaix et donc moins de risques d'inondations" assure Claude Poder.
L'exemple de Plourin-lès Morlaix n'est pas un cas unique en France. En Bretagne, d'autres communes ont eu recours ou ont prévu d'avoir recours à ce textile dévoreur de polluants.
Le matériau a été conçu pour ne demander aucun entretien et, selon ses inventeurs, une fois dans le sol, sa durée de vie est au moins de cent ans.