"J'ai récupéré une vieille porte, la colle devrait tenir" : le casse-tête des maires chargés des panneaux électoraux

34 listes sont candidates aux élections européennes du 26 mai prochain. Un record qui embarrasse particulièrement les maires des petites communes chargés d'installer les panneaux électoraux en face des bureaux de vote.

À l'heure des élections, diriger une petite commune demande plus que jamais ingéniosité et débrouillardise. Bernard Pagès, maire de Madirac en Gironde (230 habitants et 167 électeurs), le découvre une nouvelle fois à ses dépens. Il ne dispose pour l'instant que de trois panneaux électoraux, soit six emplacements. Pour l'ouverture officielle de la campagne des européennes, il doit trouver au plus vite de quoi fabriquer les 28 panneaux restants.

"J'ai récupéré de vieilles portes un peu partout," raconte-t-il en vidant avec entrain le coffre de sa voiture. Le grand panneau blanc qu'il s'apprête à sortir devrait faire l'affaire. Le mètre dans une main et le code électoral dans l'autre, l'édile doit malheureusement se rendre à l'évidence, cette porte-là ne convient pas. "Le problème c'est que les affiches, c'est écrit sur le règlement, doivent faire 841 millimètres de haut et 594 mm de large. Pas de chance, ma porte fait 585 mm. Il me manque un centimètre." Bernard Pagès sera donc contraint, comme beaucoup d'autres maires, de commander des panneaux de bois aux bonnes dimensions. Des frais estimés à 500 euros pour un budget municipal de 180 000 euros.

Pénurie de panneaux de bois

À Petit-Caux en Seine-Maritime, la facture sera plus lourde. Cette commune composée de 18 communes déléguées prévoit une dépense de 5000 euros pour fabriquer les panneaux électoraux manquants. "On a été obligé d'acheter des panneaux de bois, explique Daniel Joffroy maire délégué de Belleville-sur-Mer.

"Il y a une pénurie dans le secteur car nombre de nos collègues ont fait la même chose que nous et sont allés chez des fournisseurs pour trouver des panneaux de bois. On est allé jusqu'à 20 km d'ici pour trouver le matériel nécessaire."
Daniel Joffroy, maire délégué de Belleville-sur-Mer
 

Imagination et système D

La commune de Saint Maurice d'Ibie en Ardèche devrait s'en tirer sans trop de frais. Elle n'avait que dix panneaux métalliques dans ses réserves. Pour offrir 34 espaces d'affichage et respecter la loi sans dépenser,  il a fallu se montrer malin : diviser en deux chaque espace, et installer les panneaux en diagonale un affichage en recto verso. "Cela permet à ceux qui viennent du sud de les apercevoir et ceux qui arrivent du nord voient aussi qu'il y a des faces arrières," commente Jean Larue, premier adjoint au maire.

En dépit de leur bonne volonté, les maires et leurs employés municipaux redoutent de s'être mobilisés en vain. Le code électoral prévoit que chaque liste puisse disposer d'un espace d'affichage en face des bureaux de vote. Mais l'impression des affiches et le collage sont à la charge des candidats. Faute de ressources financières suffisantes et de militants sur le terrain, il est probable que de nombreux panneaux restent vides, notamment en zone rurale.