Les Pyrénées-Orientales département pilote pour les ermites des ondes ? L'association "Perdons pas le fil", qui défend les personnes allergiques, a trouvé un refuge idéal dans un hameau d'Amélie-les-Bains sans émetteur et veut créer la première zone préservée de tout électromagnétisme.
C'est dans un hameau de la commune d'Amélie-les-Bains, à quelques encablures de l'Espagne, que l'association "Perdons pas le fil" envisage de créer le premier refuge pour les personnes allergiques aux ondes électromagnétiques. Six maisons isolées, une vingtaine d'habitants et aucune couverture pour la téléphonie mobile. Bref, un paradis pour "perdons pas le fil", l'association nationale qui défend les personnes électrohypersensibles (EHS), (autrement dit les allergiques aux ondes) et qui milite pour le maintien des lignes de téléphone.
L'hypersensibilité aux ondes électromagnétiques
Il existerait en France entre 2.000 et 2.500 EHS. Quant aux simples électrosensibles, ils représenteraient de "2 à 5 % des populations en Europe", selon la Commission de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (CRIIREM). D'après l'association qui défend ces allergiques, "c'est la vie d'hommes et de femmes qui est en jeu. Certaines personnes ont atteint un tel niveau d'intolérance qu'elles ne peuvent plus du tout se rendre en ville".
La présidente de l'association "Perdons pas le fil" Anne-Laure Mager, est perpignanaise. Elle a 29 ans et est elle-même reconnue handicapée EHS depuis 2011. Elle avait dû blinder sa maison de Perpignan pour faire barrage aux ondes. Et pour sortir, elle se couvrait d'un épais foulard tissé de fils de cuivre afin de limiter les souffrances provoquées par les ondes: céphalées insupportables, pertes de la mémoire, troubles de la concentration.
Reportage F3 LR : E.Terpereau et P.de.Leyritz
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©F3 LR
L'isolement pour soigner une pathologie handicapante
Aujourd'hui, Anne-Laure Mager dit aller mieux, grâce notamment aux séjours en zone blanche (zones sans ondes électromagnétiques) et particulièrement dans ce hameau des Pyrénées-Orientales. "J'ai passé trois semaines ici. Je me suis retrouvée à faire des choses que je ne pouvais plus faire.C'était magique", observe-t-elle.
L'association se bat, tout à fait à contre-courant, pour maintenir ses zones blanches privées de réseau. Selon elle, ces zones pourraient devenir des refuges où se ressourceraient les personnes allergiques aux ondes. Car il suffirait d'aller dans une zone protégée pour se "désintoxiquer", au moins temporairement.
La commune d'Amélie-les-Bains n'est pas opposée au projet
D'après le directeur de cabinet de la municipalité joint par l'AFP, Amélie-les-Bains n'est pas opposée au projet. Mais Philippe Lenglet précise "Nous en sommes encore aux balbutiements".
Le hameau concerné remplirait tous les critères : aucun réseau n'existe et ses habitants "ne veulent pas de couverture" mobile, selon Anne-Laure Mager.
"Le téléphone mobile? On vit très bien sans", confirme Madhu Elvin, propriétaire d'un gîte où peuvent séjourner une quarantaine de touristes.
Dans ce qui pourrait devenir le refuge des EHS, Anne-Laure Mager a trouvé un gîte à vendre qui pourrait accueillir les ermites des ondes. Mais il faut débourser 600.000 euros pour racheter le mas et, surtout, il faut avoir "la garantie" que la zone ne verra jamais fleurir un pylône de téléphonie mobile.
Pour se faire aider, "Perdons pas le fil" a frappé à toutes les portes: le ministère de l'Environnement, le secrétariat d'Etat aux handicapés et celui au Numérique. Mais sans susciter d'enthousiasme.
La création d'un refuge pour EHS serait une première en France. Un autre projet existe à Saint-Julien-en-Beauchêne, dans les Hautes-Alpes mais la mairie est réticente.