Ce mercredi 19 janvier, huit personnes ont été interpellées par l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH). Elles sont accusées d'avoir harcelé un médecin picard et deux élus, sur les réseaux sociaux.
Juillet 2021: le chef adjoint du service de médecine intensive et de réanimation du CHU d’Amiens poste une nouvelle vidéo sur son compte facebook.
Il y appelle les Français à se faire vacciner, expliquant que les lits de son service ne sont occupés que par des personnes non vaccinées. Un message peu apprécié par certains internautes, qui commentent la publication en accusant le médecin d’être “collabo d’un système nazi”. Une photo le représentant avec une croix gammée sur le front est même publiée. Plus de 1800 messages sont ainsi été postés.
Le groupe s’attaque également à la députée LREM mosellane Isabelle Rauch, et la sénatrice PS de Charente Nicole Bonnefoy.
Une enquête est alors menée par l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH), qui constitue une brigade spéciale. Plus de six mois plus tard, huit personnes sont interpellées : deux hommes de 45 et 52 ans ; et six femmes, âgées de 40 à 52 ans. Elles se trouvent en Moselle, dans le Rhône, la Seine-et-Marne, les Hauts-de-Seine et le Finistère, explique un membre de l’OCLCH à l’AFP.
On peut attaquer un concept, mais attaquer une personne, c'est inadmissible
Michel Slama
Un soulagement pour le docteur Slama: "Je vis forcément un peu dans la crainte que ça aille plus loin... Je suis aussi heureux de savoir que ces personnes vont être mises face à leurs responsabilités. On peut attaquer un concept, comme celui de la vaccination, mais attaquer une personne sous prétexte qu’elle a pris un parti ou l’autre, c’est inadmissible !" Depuis ces commentaires haineux, le docteur a pratiquement cessé de poster des vidéos sur les réseaux sociaux, par peur des représailles. Il regrette d’ailleurs le manque de réaction de la part de Facebook concernant ces commentaires: "malgré mes avertissements, ils n’ont rien fait. Je n’ai jamais eu aucune information ou nouvelle, ni même de soutien. Tout cela me rend très dubitatif."
À contrario, c’est le travail de la gendarmerie que Michel Slama tient à saluer: "ils ont mis en place une brigade spéciale qui a fait un super boulot ! Maintenant, j’attends d’être contacté par la justice, je serai sans doute appelé à témoigner."
Le "V_V", groupe dont les harceleurs interpellés font partie, rassemble environ 300 sympathisants en France, "dont une centaine vraiment actifs", a expliqué le général Jean-Philippe Reiland, patron de l'OCLCH, à l’AFP. Le nom du mouvement viendrait du verbe italien "vivere" ("vivre") et son logo, un double V rouge au centre d'un cercle, détourne celui de la BD devenue film, "V pour Vendetta".
Les 8 personnes interpellées comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Paris pour harcèlement moral par un service de communication en ligne. Elles risquent jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.