Faute de preuves, la justice allemande abandonne les poursuites contre un octogénaire allemand pour sa participation présumée au massacre d'Oradour-sur-Glane commis le 10 juin 1944. C'est une grande déception pour l'association des familles de victimes qui va déposer un recours.
Inculpé le 15 janvier dernier pour le "meurtre en réunion" de 25 personnes et pour " complicité de meurtres" concernant des centaines d'autres victimes, la justice allemande a décidé d'abandonner les poursuites contre l'ancien SS, Werner C. aujourd'hui âgé de 89 ans.
L'octogénaire allemand était soupçonné d'avoir abattu à la mitrailleuse 25 hommes rassemblés dans une grange, avec un membre de l'unité SS à laquelle il appartenait. Selon un communiqué du tribunal régional de Cologne, "les éléments de preuves disponibles ne permettront pas a priori de contredire" la défense de l'ancien nazi, qui reconnaît avoir été présent sur les lieux du massacre mais qui affirme n'avoir tiré aucun coup de feu et n'avoir participé en aucune manière aux exactions commises.
Les magistrats de Cologne, chargés de décider de l'existence de charges suffisantes pour envoyer l'octogénaire devant une cour, ont jugé que sa participation au massacre ne pouvait être établie. Selon le tribunal allemand, sa présence sur les lieux est certes attestée, mais " ne peut être légalement considérée comme une complicité de meurtre".
Les juges relèvent en particulier qu'aucun des témoins entendus pendant l'enquête n'a évoqué un rôle direct du suspect. Ils rejettent également une liste fournie par le parquet, selon laquelle Werner C. était chargé ce jour-là de tirer à la mitrailleuse, relevant qu'elle est incomplète, qu'il ne s'agit pas d'un original et qu'elle comporte des différences avec la composition du groupe décrit par les témoins, suscitant des "doutes importants" sur sa validité.
Werner C. a toujours affirmé qu'il montait la garde près des véhicules de l'armée allemande, assurant même au quotidien Bild avoir " sauvé la vie à deux femmes" en leur conseillant de "retourner dans la forêt".
Le parquet de l'Office central d'enquête sur les crimes nazis, basé à Dortmund (ville du nord-ouest de l'Allemagne) a une semaine pour faire appel de la décision du tribunal de Cologne.
Voyez ce reportage réalisé en début d'année par Arnaud Boutet
Interview de Claude Milord, président de l'association des familles de victimes d'Oradour dans notre édition 12/13 :
- Franck Petit revient sur cette affaire :