Des documents (notes et photos) établissent que Mohamed Merah était suivi par les services de renseignements français depuis 2006, alors qu’il avait 18 ans, et était qualifié de «djihadiste radical» dès début 2007.
INFO ET DOCUMENTS FRANCE 3 MIDI-PYRENEES - Les services de renseignements français suivaient Mohamed Merah depuis 2006 et une note de renseignement datée de mai 2007 le qualifie de «djihadiste radical». Notre journaliste Bruno Frédiani s’est procuré un premier document, émanant de la direction centrale des renseignements généraux et daté du 19 octobre 2006. L’objet du document est le suivi et l’identification d’Abdelkader Merah, son frère aîné, qualifié dès cette époque de «militant salafiste», membre du groupe d’Artigat, du nom d’une commune d’Ariège où réside Olivier Corel, un franco-syrien surnommé «l’imam blanc».Des notes et des documents photographiques
Surtout, il y est pour la première fois question de son «petit» frère, Mohamed. Les enquêteurs font notamment référence à une série de photos «de source à protéger» (une source infiltrée dans le groupe) où l’on voit Mohamed Merah sur une moto orange et noir sur laquelle les policiers ont déjà observé Sabri Essid, l’un des piliers du groupe : arrêté en Syrie fin 2006 alors qu'il projetait un attentat en Irak contre les Américains, Essid est ensuite condamné en France pour association de malfaiteurs à visée terroriste à 5 ans de prison dont un an avec sursis. Libéré, il sera plus tard l'un des organisateurs des obsèques de Mohamed Merah en mars 2012.Le second document, lui, est une note d'alerte du 23 février 2007 adressée à la DIrection départementale de la Sécurité Publique (DDSP) de la Haute-Garonne par les renseignements généraux, sur la base des informations recueillies par la Section Nationale de Recherches Opérationnelles (SNRO), spécialisée à l'époque dans la lutte anti-terroriste.
On est donc à peine quelques mois plus tard. Mohamed Merah a un tout petit peu plus de 18 ans. Cet échange écrit entre services de police indique clairement que "Mohamed Merah a rejoint cette mouvance" citée plus haut (NDLR : "un réseau djihadiste à Toulouse").
Que nous disent ces documents ?
- D’une part que les services de renseignements n’ont pas eu «connaissance» de Mohamed Merah en 2010 ou 2011 pendant ses différents voyages en Afghanistan ou au Pakistan, mais bien avant, en 2006, alors qu’il n’était qu’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence. Ils mettent également à bas la thèse de "l'autoradicalisation" de Merah lors de son séjour en prison en 2009.
- D'autre part, que dès cet âge de 18 ans, Mohamed Merah est en contact avec des membres de groupes ou de cellules salafistes au point de donner des arguments aux policiers chargés de sa surveillance pour le classer «jihadiste radical» dès 2007. Cette appartenance à ce groupe, à cette "mouvance", dès ce jeune âge étaye donc la thèse du membre du groupe et non du "loup solitaire".
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©INA
FRANCE 3 MIDI-PYRENEES propose une émission spéciale "Merah, une affaire classée ?" présentée par Pierjean Frison avec de nombreux invités lundi 11 mars à 22h10 sur l'antenne régionale et simultanément sur notre site internet.