L'autocariste britannique low-cost Megabus a démenti mardi toute infraction à la réglementation après l'interpellation dimanche en Espagne d'un chauffeur de sa ligne Barcelone-Toulouse-Londres, qui avait contraint des passagers à passer la nuit sur une aire d'autoroute.
La société Mégabus, filiale du groupe Stagecoach spécialisé dans les transports low-cost, a promis de verser 200 euros et de rembourser tous les frais encourus du fait de l'incident, aux 62 passagers qui devaient être transportés de Barcelone jusqu'à Toulouse ou Londres. Les passagers se verront offrir un autre aller-retour en Europe, a assuré la compagnie dans un communiqué.
Le car avait été "immobilisé" vers 17H00 dimanche à Maçanet de la Selva (à 72 km de Barcelone) et son chauffeur britannique interpellé, selon un communiqué de la police catalane publié lundi. Ce conducteur de 48 ans est soupçonné de "falsification de document public" car "il utilisait la carte de chronotachygraphe (enregistreur de vitesse et de temps
de conduite, ndlr) d'un autre conducteur", selon la police de la généralité de Catalogne.
Plus de 60 passagers de différentes nationalités s'étaient retrouvés en rade sur l'aire d'autoroute, pendant des heures voire toute la nuit. Selon la police catalane, la plupart des passagers avaient quitté les lieux par leurs propres moyens tandis qu'une "une dizaine" avaient passé la nuit à bord du car, avant d'être conduits lundi matin par la police vers les gares de Girona (Nord de l'Espagne).
"On nous a laissé seuls, abandonnés sur cette aire d'autoroute", a déclaré un Toulousain de 51 ans, Dominique, qui rentrait de Barcelone avec son épouse et sa fille. "Il y a eu beaucoup de stress. Une femme a fait une crise de nerfs. Il faisait très, très chaud et Megabus n'a envoyé personne pour nous offrir à boire ou à manger. Certains jeunes n'avait pas du tout d'argent. Il y avait des personnes âgées épuisées", a-t-il témoigné.
Dominique et sa famille étaient finalement partis peu après minuit en autostop vers Perpignan où ils avaient passé la nuit. Ce passager s'est dit cependant "satisfait" de la compensation offerte par Megabus et a rappelé qu'il n'avait "payé que 30 euros l'aller-retour pour trois personnes".
La police catalane a affirmé avoir "immédiatement" contacté l'entreprise après l'immobilisation du bus. Mais, selon elle, Megabus avait indiqué à des passagers qu'elle ne pourrait pas assurer leur transport ni envoyer un autre chauffeur.
L'autocariste a démenti les affirmations de la police et assuré qu'"aucune infraction à la durée de conduite n'avait eu lieu".
Plaidant un problème "technique", la société a assuré que quand le chauffeur avait inséré sa carte de chronotachygraphe, il "n'avait pas remarqué" que le conducteur précédent y avait laissé la sienne. Megabus dit avoir "adressé une plainte officielle aux autorités catalanes". La réaction de la police catalane est "inacceptable" et a "empêché les tentatives" de Megabus d'affréter deux cars pour venir chercher les passagers en rade, a affirmé la compagnie.
La liaison Londres-Toulouse-Barcelone avait été lancée en juin à grand renfort de publicité par Megabus qui emploie dans le monde 35.000 personnes, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis.