Procès d'un drame fratricide dans la "bonne société" du Lot

Ils ne s'étaient jamais entendus mais avaient hérité ensemble du vignoble créé par leur père: l'architecte lotois Matthias Belmon a tué son unique soeur, une nuit de 2011, dans un hôtel particulier de Cahors et il y est jugé, à partir de lundi, pour "assassinat".

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Ce drame fratricide dans la "bonne société" du Lot - retentissant dans une préfecture de 20.000 habitants - aurait pu inspirer un film de Claude Chabrol tiré d'un roman de Georges Simenon, tant l'affaire est complexe et trouble, sur fond de rivalité depuis l'enfance et de deuil d'un père imposant.

Le 17 octobre 2011
Le matin du 17 octobre 2011, Matthias Belmon, 35 ans, téléphone à la gendarmerie depuis sa maison de Goujounac, à une trentaine de kilomètres de Cahors.
 Il s'accuse de s'être accroché avec sa soeur Stéphan, 31 ans, et de l'avoir tuée chez elle, en ville, le jour où leur père aurait eu 61 ans s'il n'était pas mort d'un cancer l'année précédente. Puis il s'en va chez sa mère au village, pour lui annoncer le meurtre et se faire interpeller.
Gérante d'une agence immobilière, Stéphan vivait seule dans un hôtel particulier de cinq étages avec ascenseur, un édifice du Cahors médiéval
où toute la famille avait auparavant demeuré. Là, les enquêteurs découvrent des traces de sang dans plusieurs pièces, jusqu'au sol des WC où git la jeune femme.
Son corps porte de multiples lésions. Elle est morte étranglée à mains nues puis avec une corde.

La presse nationale titre aussitôt sur "le destin brisé de l'héritier meurtrier"
Marié et père de deux petits enfants, Matthias Belmon était architecte mais aussi co-gérant avec sa soeur d'une carrière et d'un domaine du Quercy produisant des vins de qualité. Cet ex-rugbyman et chasseur à ses heures, était aussi membre de la Chambre de commerce et d'industrie du Lot comme du Rotary club.

Personne ne parle, personne ne commente 
Jusqu'au 20 mars, la cour d'assises va se pencher sur le noeud gordien d'une affaire très intime. La mère, Françoise Belmon, s'était portée partie civile dès l'automne 2011 pour défendre la mémoire de sa fille, dont elle était très proche, et tenter de comprendre son fils.
Son avocat à Cahors, Me Laurent Belou, n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP. Quant à l'accusé, il a demandé à son principal défenseur, le pénaliste toulousain Georges Catala, de garder le silence avant le procès.
Durant l'enquête, il a été avancé que le frère avait projeté d'assassiner la soeur puis de faire passer sa mort pour un suicide. Mais son plan aurait échoué parce qu'elle aurait résisté, jusqu'à lui arracher une phalange de doigt en le mordant.
Outre la corde, l'accusé avait apporté et utilisé un "shoker" (pouvant asséner des décharges de courant électrique très puissante), des vêtements de rechange, une cagoule, des gants trouvés ensanglantés.
Cependant, s'il s'accuse du meurtre, il a toujours nié être venu chez sa soeur avec l'intention de tuer, assurant qu'il voulait la contraindre au dialogue, en
plein différend sur la gestion de leurs biens communs.
Le "shoker", la corde, il les aurait pris pour pouvoir la maîtriser, la forcer au dialogue. "Cela faisait une semaine qu'il essayait de la joindre mais elle ne
lui répondait pas", avait affirmé, après le drame, un proche de la famille à l'AFP.

Crime de passion ?
La défense pourrait plaider un crime de passion, lors d'un moment de bascule favorisé par la prise de somnifères, d'anxiolytiques ou d'alcool, alors que l'accusé, accablé par la dépression, souffrait de ne pas être à la hauteur du chef de famille disparu.
Ancien maire de Goujounac, l'entrepreneur Christian Belmon avait pris soin de régler sa succession de son vivant: à sa fille, une agence immobilière; à son fils, une société de construction. Mais ils leur avaient aussi confié la gestion en commun d'une carrière et du vignoble replanté 18 ans plus tôt: une oeuvre paternelle à perpétuer qui se serait finalement retrouvée au centre de la rivalité.


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