Dans un récent décompte des services antiterroristes, parmi les 104 Français morts au jihad en Syrie ou en Irak figure deux adolescents de 12 et 14 ans partis il y a deux ans avec leur mère, une femme radicalisée originaire de la région de Toulouse
La barre des 100 morts parmi les islamistes partis de France pour mener le jihad en Syrie et en Irak a été franchie, selon un décompte des services antiterroristes français communiqué samedi à l'AFP par une source proche du dossier.
Parmi les derniers décès sur les 104 désormais identifiés figure celui de deux adolescents de 12 et 14 ans qui étaient partis il y a deux ans avec leur mère, une femme radicalisée originaire de la région de Toulouse, a précisé la source sans plus de détails sur leur identité.
Le taux de mortalité parmi les jihadistes français est particulièrement élevé, relève cette source, qui la met en rapport avec les plus de 800 personnes qui sont allées en Syrie et en Irak, dont quelque 450 y sont encore et environ 260 ont quitté la zone.
En ajoutant ceux qui ont émis le souhait de se rendre sur place ou ceux qui sont en route, 1.600 personnes environ sont impliquées dans les filières jihadistes.
L'UN DES DEUX ADOS TOULOUSAINS EST MORT AU JIHAD EN MARS
Les deux mineurs toulousains étaient apparus dans des vidéos de propagande jihadiste, a ajouté cette source. Si l'information a été très récemment vérifiée, l'un des deux a perdu la vie en mars lors de combats près de la frontière entre la Syrie et la Turquie, a-t-elle précisé.
Deux autres frères, majeurs cette fois, originaires de Trappes, dans les Yvelines, ont également perdu la vie. L'un était parti en 2013, l'autre l'a rejoint en 2014. Ils appartiennent à une famille connue, puisque l'un de leurs proches a été récemment interpellé dans une enquête antiterroriste, a précisé la source.
Parmi les derniers décès identifiés, figure également un des jeunes de Lunel, la petite ville de l'Hérault d'où sont originaires entre dix et vingt hommes de
18 à 30 ans partis faire le jihad, dont sept sont décédés. Le dernier en date est l'un des auteurs du triple attentat suicide au poste-frontière de Touraibil entre l'Irak et la Jordanie, qui a fait quatre morts côté irakien, a précisé la source. Outre le Français, deux autres francophones, un Sénégalais et un Belge, comptent parmi les kamikazes de cette attaque revendiquée le 25 avril par l'organisation de l'Etat islamique (EI).
Le retour dans leur pays des jihadistes est considéré par les autorités françaises comme le principal facteur de risques d'attentats sur le sol national. Sur les projets déjoués ces derniers mois, quatre ont été fomentés par d'anciens jihadistes.
DES FRANCAIS SOUPCONNES D'ATROCITES
Les auteurs des attaques de Paris en janvier, qui avaient fait 17 morts, Amédy Coulibaly et les frères Kouachi, ne semblent pas s'y être rendus. Mais plusieurs de leurs proches y sont partis et eux-mêmes ont notamment invoqué l'influence de l'EI avant d'être tués par les forces de l'ordre.
Les enquêteurs pensent que l'étudiant algérien Sid Ahmed Ghlam a pu être téléguidé par un homme installé en Syrie dans son projet présumé d'attaquer au moins une église en banlieue parisienne. Sid Ahmed Ghlam est l'assassin présumé d'une femme de 32 ans, un crime qu'il aurait commis à Villejuif (Val-de-Marne) sur la route des attentats qu'il est soupçonné d'avoir projetés.
Selon les derniers chiffres, quelque 125 procédures antiterroristes en lien avec la Syrie sont ouvertes en France. Sur les 166 personnes mises en examen, 113 sont en détention provisoire.
Les services d'enquête soupçonnent des Français de s'être rendus coupables d'atrocités en Syrie et en Irak. Les enquêteurs sont ainsi convaincus que Sabri Essid, un très proche de Mohamed Merah, le tueur au scooter de Toulouse et Montauban, est le jihadiste qui apparaît sur une vidéo diffusée par l'EI début mars: on voit cet homme aux côtés d'un enfant, sans doute son beau-fils, qui exécute un homme d'une balle dans le front avant de tirer plusieurs fois sur son cadavre.
En novembre, la justice française avait ouvert une enquête après la diffusion par le groupe EI d'une autre vidéo dans laquelle les enquêteurs pensent avoir identifié deux convertis français parmi les égorgeurs de soldats syriens.
Un lycéen de Nice, mineur au moment des faits, s'est lui-même dénoncé après son retour et a été écroué. Certains des jeunes jihadistes de Lunel apparaissent également sur des vidéos montrant des atrocités de l'EI.