Guy Novès, qui fut l'un des plus farouches contempteurs du XV de France, sera désormais son premier rempart, comme sélectionneur. Drôle de destinée pour l'ex-patron du Stade Toulousain, dont le palmarès et la rage de vaincre imposent le respect.
Le challenge permanent
"Au rugby, en vélo, à la pêche et même aux champignons, il veut être le meilleur", sourit un proche interrogé par l'AFP. "Chez les Novès, le challenge est permanent, il faut toujours aller de l'avant, ne jamais regarder en arrière."Question d'éducation. Fils d'ouvrier et petit-fils de chiffonnier, un républicain espagnol réfugié en France après la guerre civile, l'entraîneur le plus titré du
rugby français a le travail et la gagne chevillés au corps. Des valeurs érigées en credo par cet homme de 61 ans qui assume clairement ses idées de droite.
"Rapide et teigneux"
Champion d'athlétisme en jeunes, discipline dont il a gardé le physique ascétique, ce natif de Toulouse commence le rugby sur le tard.Arrivé au Stade Toulousain en 1975, Novès est toujours resté fidèle à la maison rouge et noire, qu'il n'a quittée en quarante ans que pour Blagnac, où il fut entraîneur pour un court bail en forme de parenthèses.
Ailier rapide et teigneux, le jeune professeur de sport au collège de Pibrac remporte deux finales de championnat de France en 1985 et 1986 et est sélectionné sept fois en équipe de France.
Avant de gagner son premier titre sur le banc en 1989 aux côtés de Pierre Villepreux et Jean-Claude Skrela, deux entraîneurs toulousains qui l'ont précédé à la tête du XV de France.
Une relation complexe avec la FFR
Mais l'ère Guy Novès ne débute véritablement qu'en 1993, lorsque le nouveau président du club, Jean-René Bouscatel, le rappelle après son crochet à Blagnac. Si leurs relations ne semblent plus être véritablement au beau fixe aujourd'hui, leurs destins sont intimement liés depuis vingt ans. A Novès le sportif, à Bouscatel la construction du modèle économique qui a contribué au règne des Rouge et Noir sur le rugby français pendant vingt ans.Commence alors à s'écrire la légende Novès : neuf Brennus supplémentaires, quatre Coupes d'Europe. Il fait de Toulouse le club le plus titré de France et d'Europe et reçoit en 2010 le titre de meilleur entraîneur européen des quinze dernières années.
Figure incontournable du rugby français, Novès se voit proposer une première fois le poste de sélectionneur en 2011 mais décline, officiellement pour des raisons familiales et pour ne pas déstabiliser son Stade.
Il faut dire aussi qu'il a toujours nourri des relations complexes avec sa Fédération et le XV de France, accusé de "presser" ses précieux joueurs "comme des citrons".
Esprit libre
Depuis vingt ans, et parfois jusqu'à la caricature, il dénonce sans relâche le mode de mise à disposition des internationaux, le calendrier aux cadences "débiles", et distille quelques piques sur le jeu des Bleus.Cet esprit libre et piquant saura-t-il enfin s'accommoder de ce système et naviguer dans les arcanes de la FFR?
En tout cas, le contexte semble davantage s'y prêter pour Novès, alors que le Stade Toulousain est miné par de vives tensions internes, après un début de saison cauchemardesque.
Mais rien ne le faisant plus avancer que les critiques, Toulouse est reparti de plus belle et apparaît de nouveau comme un prétendant crédible au titre après sa qualification samedi pour les demi-finales du championnat. Un dernier sacre pour clore en beauté l'ère Novès ?
Voir ici le portrait de Guy Novès, par Karine Deroche et Johan Touleron, de France 3 Midi-Pyrénées :