"Picasso, horizon mythologique", l'exposition événement de la rentrée à Toulouse ouvre ses portes au musée des Abattoirs

Le musée des Abattoirs propose à partir de ce vendredi 18 septembre l'exposition d'une trentaine d'oeuvres, peintures, dessins et sculptures du fondateur du cubisme. L'occasion de fêter les 50 ans de la donation par l'artiste à la ville de Toulouse du "rideau de scène du 14 juillet".

"Picasso, horizon mythologique" est la première grande exposition Picasso à Toulouse depuis celle du Musée des Augustins en 1965. Elle s'organise autour de la dépouille de Minotaure en costume d'Arlequin, le fameux rideau de scène que Pablo Picasso a conçu en 1936 pour la pièce de théâtre Le 14 Juillet de Romain Rolland.
La gouache de petite taille qui a servi de modèle au spectaculaire rideau appartient aux collections du musée des Abattoirs. Elle servit de décor pour de multiples représentations et fut offerte par l'artiste à la ville de Toulouse en 1965. Caché depuis près de trois ans aux Toulousains, de peur que la lumière ne l'abîme, le rideau de scène s'expose au grand jour à partir de vendredi au musée des Abattoirs

Cette exposition événement du musée des Abattoirs est réalisée en partenariat avec le musée Picasso de Paris, qui fête ses 30 ans.

Elle  présente jusqu'au 31 janvier 2016 une trentaine d'oeuvres, majoritairement réalisées dans les années 1920 et 1930.

"L'idée a été de tirer le fil à partir du rideau de scène, le chef d'oeuvre de Toulouse que Picasso a confectionné en plein Front populaire",

explique Olivier Michelon, le conservateur des Abattoirs.

Par 8 mètres sur 13, ce majestueux rideau dévoile les personnages mythologiques que le peintre avait créés quelques mois plus tôt en miniature à la gouache et à l'encre de chine.

On y voit un "être hybride plein de vie et d'envies" mi-Minotaure, mi-Harlequin, clown triste auquel Picasso semble s'identifier, aux côtés d'un Dieu à tête d'aigle, et d'un sculpteur barbu en peau de bête, campés sur une ligne d'horizon, tel un décor de théâtre, prélude au "Guernica" qui arriva un an plus tard. 

"C'est une commande politique, une grande fresque révolutionnaire, épique, à une époque où les temps sont compliqués et l'Europe est sombre", dit le conservateur à propos de cette oeuvre livrée en quelques semaines par Picasso et son ami espagnol Luis Fernandez. "On y lit déjà une inquiétude, un drame qui est en train de se jouer", ajoute-t-il.

Ce n'est pas un hasard si le rideau a été plus tard offert, en 1965, par l'artiste à une ville de Toulouse "très marquée par la révolution espagnole, avec énormément de réfugiés du franquisme".

Chaque tableau est un petit théâtre

Point de départ d'une exposition, le rideau déploie tous les horizons de Picasso: de l'univers théâtral qu'il affectionnait, à ses paysages de bord de mer, parfois méconnus, en passant par ses monstres forains surréalistes, empruntés au monde animal ou à la mythologie.

Autour de photos de l'artiste, d'affiches ou de coupures de presse retraçant l'histoire du rideau de scène, une trentaine d'oeuvres empruntées au musée parisien, toiles, dessins et sculptures, donne ainsi à voir l'univers d'un Picasso "illusionniste", "artiste de la scène".

"Ce qui relie toutes les oeuvres présentées ici, c'est cette façon de séparer l'espace, la ligne d'horizon", qui campe dans la réalité des figures inventées,
selon Olivier Michelon. "On est dans une peinture du réel. Picasso se libère des représentations, des modèles et invente ses propres formes académiques", explique-t-il.

Une place majeure est donnée aux bords de mer de Picasso, à ses "études anatomiques" de baigneuses qui semblent aussi empruntées à la mythologie.

Clou du spectacle, le célèbre "Figures au bord de la mer" (1931) de la période surréaliste de Picasso, prêt exceptionnel, où deux corps se mélangent dans un tableau "assez brutal mais jouissif", selon le conservateur.

On peut aussi contempler les formes allongées à la Modigliani de "Baigneurs" en bronze (1956), ou encore les "Joueurs de ballon sur la plage" (1928) et la plénitude d'une "Femme étendue sur la plage" (1929).

"Chaque tableau est un petit théâtre", explique le conservateur, "avec l'horizon comme plancher de scène", et le rideau de scène en "orbite".

Voir ici le reportage de France 3 Midi-Pyrénées :

 

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