Selon le sénateur UMP André Reichardt, président du groupe France-Caucase pour l'Azerbaïdjan, l'Etat azerbaïdjanais serait intervenu financièrement pour "sauver les meubles" au RC Lens mais selon lui, "maintenant ce n'est plus possible".
André Reichardt préside depuis peu le groupe interparlementaire d'amitié France-Caucase pour l'Azerbaïdjan. Ce sénateur UMP, également vice-président de la région Alsace, connaît bien le pays pour y avoir effectué de nombreux déplacements. La semaine dernière, nous l'avons contacté au sujet du RC Lens et son propriétaire azerbaïdjanais, Hafiz Mammadov, qui semble toujours empêtré dans des difficultés politico-financières.Selon André Reichardt, l'Etat azerbaïdjanais a été très actif ces derniers mois. C'est même lui qui se serait substitué à l'homme d'affaires pour injecter de l'argent frais dans les caisses du club artésien. "L'Etat d'Azerbaïdjan est intervenu à deux reprises", nous a confié le sénateur. "Il y a eu deux versements : un premier de 7 millions d'euros et un second de 3 millions. Il s'agissait de sauver les meubles à titre gracieux. Mais maintenant, ce n'est plus possible. C'est ce que m'a dit l'ambassadeur d'Azerbaïdjan en France. L'Etat d'Azerbaïdjan souhaite désormais que des solutions soient trouvées entre les personnes impliquées dans cette affaire privée".
D'après André Reichardt donc, l'Azerbaïdjan aurait versé pas moins de 10 millions d'euros dans les caisses du club à la place d'Hafiz Mammadov. Bien plus que les 4 millions d'euros officiellement perçus fin 2014 (1.5 million en octobre et 2.5 millions en décembre selon le club). Ces versements avaient suscité pas mal d'interrogations en effet. Notamment le second, "tombé du ciel" juste avant le passage du Racing devant la DNCG le 16 décembre.
"On sait que l'argent est arrivé mais on ne sait pas d'où il vient"
Plusieurs médias - l'AFP et France Football notamment - avaient déjà parlé à l'époque d'un versement de "l'Etat azerbaïdjanais" mais Gervais Martel, le président du club, avait évoqué, lui, "une grosse société azérie". Selon La Voix du Nord, il s'agissait de Point to Point, une société off shore, derrière laquelle se trouvait un certain Anar Mammadov (sans lien de parenté avec Hafiz), un homme d'affaires proche des cercles de pouvoir azerbaïdjanais, fils de l'influent ministre des transports, Ziya Mammadov. Anar Mammadov a-t-il simplement servi de relais à l'Etat ? La question se pose tout comme celle de la date des autres versements. Dans une récente interview au Parisien-Aujourd'hui en France, Gervais Martel déclarait que le président de la République, François Hollande, l'"avait aidé à récupérer le solde de l’année dernière de Mammadov", lors d’une visite officielle à Bakou au mois de mai 2014. Le premier versement évoqué par André Reichardt a-t-il été effectué à l'issue de ce voyage pour équilibrer les comptes en fin de saison 2013/2014 ? A l'époque, Hafiz Mammadov était déjà en difficulté et venait de se faire éjecter de la Bank of Azerbaijan, la banque qu'il contrôlait avec ses fils et qui a fait faillite.Ce mercredi, nous avons profité de la visite à Lille du Premier ministre Manuel Valls pour interroger Patrick Kanner, le Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, présent dans la matinée à la préfecture. "L'Azerbaïdjan, c'est très complexe", nous a-t-il répondu, sans démentir les affirmations du sénateur Reichardt. "Tout ce qu'on sait, c'est que l'argent est arrivé mais on ne sait pas d'où il vient...". Nous avons tenté de contacter à plusieurs reprises l'ambassade d'Azerbaïdjan à Paris, pour obtenir davantage de précisions sur le traitement du dossier lensois. Sans succès pour l'instant...