Angleterre : Richard III, "le roi du parking", conduit vers son ultime demeure

Richard III, le dernier roi Plantagenêt, tué à la guerre il y a cinq siècles, va enfin recevoir un enterrement digne d'un monarque jeudi dans la cathédrale de Leicester à l'issue de cinq jours de célébrations qui ont débuté ce dimanche.

Le cercueil de Richard III a été présenté à l'Université de Leicester (centre de l'Angleterre) dimanche peu avant 11h (heure locale) . Des membres de l'université, dont les archéologues qui ont découvert son squelette en 2012 sous le parking d'un centre social et certains descendants se sont succédé pour déposer chacun sur le cercueil une rose blanche, symbole de la Maison d'York à laquelle appartenait l'ancien monarque. Il a ensuite été placé dans un corbillard pour être transporté près du site de la bataille de Bosworth où il a trouvé la mort le 22 août 1485.
La procession, haute en couleurs, a réuni des milliers de personnes en costumes d'époque ou armures de combat, venues honorer le monarque défunt. Le Dr Phil Stone, président de la Richard III Society, a appelé la foule à "se souvenir d'un homme intègre qui se préoccupait de ses sujets et avait leur confiance. Souvenons-nous du roi Richard III. Le bon roi. Le roi-guerrier." Le cercueil, placé sur une calèche tirée par quatre chevaux noirs, a pris dans l'après-midi le chemin de la cathédrale de Leicester où le public pourra venir lui rendre un dernier hommage lundi avant de recevoir jeudi une nouvelle sépulture en présence de membres de la famille royale et des plus hauts dignitaires religieux du pays lors d'une cérémonie solennelle qui sera retransmise en direct à la télévision sur Channel 4.


Bien que n'ayant régné que deux ans (1483-1485), Richard III a marqué l'histoire anglaise, en tant qu'ultime roi de la dysnastie Plantagenêt, et dernier souverain anglais à être tombé au champ d'honneur. Il est également resté dans les annales comme un tyran sanguinaire et infanticide (il a écarté du trône son neveu, le roi Edouard V, âgé de 12 ans, et l'aurait fait exécuter ainsi que son autre neveu, Richard de Shrewsbury, âgé de 10 ans), une réputation en grande partie entrenenue par la dynastie des Tudor, qui lui a succédé, puis immortalisée par la pièce Richard III de William Shakespeare, mais actuellement contestée par la Richard III Society, une association de passionnés qui a financé les fouilles qui ont conduit à la découverte de ses ossements.

Une découverte miraculeuse

L'extraordinaire épopée de sa dépouille retrouvée sous un parking a fait le tour du monde. "C'est incroyable de l'avoir retrouvé intact", assure Mathew Morris, qui a dirigé les fouilles, expliquant que des travaux de construction à l'époque victorienne étaient passés à un centimètre du crâne de Richard III. La dépouille du dernier Plantagenêt était présumée perdue depuis que le monastère de Greyfriars, dans lequel le roi avait été enterré à la va-vite en 1485, avait été détruit dans les années 1530, au cours du schisme anglican sous l règne de Henri VIII. Mais la Richard III Society a fait équipe avec des archéologues de l'Université de Leicester pour fouiller le site de l'ancien prieuré, prédisant avec justesse le lieu où il aurait été enterré. Coïncidence ou signe ? Le "squelette n°1", ainsi qu'il a tout d'abord été baptisé, a été retrouvé sous une place de parking portant la lettre "R" de "réservé".

Avant même les tests ADN, la probabilité qu'il s'agisse de Richard III était très forte: la datation au carbone 14 indiquait que l'homme était mort entre 1455 et 1540 tandis que la colonne vertébrale incurvée et les huit blessures à la tête correspondaient à l'histoire de ce roi atteint d'une sévère scoliose et mort sur le champ de bataille. Le "squelette n°1" a  finalement été formellement identifié grâce à des tests ADN pratiqués sur Michael Ibsen et Wendy Duldig, tous deux descendants par des femmes de la soeur aînée de Richard III, Anne d'York. Ce mystère levé, un autre est apparu: il a été impossible d'établir une filiation à travers la lignée masculine remontant jusqu'à Jean de Gand, premier duc de Lancastre et frère de l'arrière grand-père de Richard III, indiquant la présence d'un enfant illégitime.

Messes et hommages jusqu'à jeudi

Richard III a dû endurer une dernière bataille avant de pouvoir reposer en paix, celle du choix de son ultime demeure que se disputaient les archéologues et des descendants du roi. La justice a tranché en faveur des premiers, choisissant Leicester au détriment de York. Bien que catholique, le roi médiéval sera enterré selon le rite anglican. Des rituels catholiques seront tout de même distillés tout au long de la semaine, notamment une messe de requiem lundi animée par le cardinal Vincent Nichols, le plus haut prélat catholique d'Angleterre, qui revêtira pour l'occasion une authentique chasuble du XVe siècle que Richard III avait peut-être vue de son vivant.



Jeudi, l'enterrement sera célébré en présence du chef de l'Église anglicane, l'archevêque de Canterbury Justin Welby, et de la comtesse de Wessex, Sophie, belle-fille d'Elisabeth II, ainsi que du prince Richard, duc de Gloucester, détenteur du titre de noblesse que portait le souverain avant son accession au trône. La tombe sera dévoilée vendredi et visible pour les curieux dès samedi.

 

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