RC Lens / DNCG : Gervais Martel doit revoir sa copie et entretient la confusion

A deux semaines de son rendez-vous devant la DNCG, le "gendarme" financier du foot français, le président lensois reconnaît avoir un souci avec l'investisseur qui était censé injecter 15 millions d'euros pour permettre aux Sang et Or d'évoluer en L2 la saison prochaine.  

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Gervais Martel a-t-il parlé trop vite lorsqu'il a annoncé début mai, dans France Football, avoir "15 millions d'euros bloqués sur un compte pour assurer la survie du club" ? "Si j'en parle, c'est que je l'ai trouvé cet argent", avait-il assuré évoquant un "partenaire issu d'un pays européen beaucoup plus proche de la France", qui aurait "pignon sur rue et les reins solides". Pourtant ce mercredi, le président du RC Lens reconnaît à demi-mot dans Le Parisien/Aujourd'hui en France qu'il ne dispose pas de cet argent, car ce prétendu investisseur serait désormais beaucoup plus réticent... "Cet investisseur n'est pas belge comme cela a été écrit un peu partout ", a confié Gervais Martel au quotidien francilien. "Je peux seulement dire qu'il est européen et qu'il connaît bien le foot. Mais la nouvelle donne pour la saison prochaine, à savoir deux montées seulement en Ligue 1 au lieu de trois, ne lui plaît pas du tout. Cela remet le projet en question".

Le patron des Sang et Or ne désarme pas pour autant et annonce même qu'il va revoir sa masse salariale... à la hausse pour la saison prochaine en Ligue 2. "Au départ, j'avais prévu une masse salariale pour la saison prochaine comprise entre 6.5 et 7 millions d'euros​", a-t-il expliqué au Parisien. "Mais cela ne va pas suffire pour viser l'une des deux premières places. Je dois revoir ma copie à la hausse pour étoffer l'effectif​". A ne plus rien y comprendre...

Confusion

Ces derniers propos ont de quoi dérouter en effet. Rappelons tout d'abord que la saison dernière, Lens, 2e, a été promu en Ligue 1 avec une masse salariale joueurs (hors charges, cotisations et impôts) de 5.9 millions d'euros. ​Rappelons aussi que malgré les millions investis à l'époque par Hafiz Mammadov, la DNCG avait imposé au club artésien un encadrement de sa masse salariale. Aujourd'hui, avec un actionnaire majoritaire aux abonnés absents et un investisseur potentiel réticent, on voit mal comment le RC Lens pourrait échapper - au minimum - à une telle restriction à l'issue de son grand oral, le 10 juin, devant le "gendarme" financier du football français. Gervais Martel sera-t-il vraiment pris au sérieux s'il se présente dans deux semaines à Paris avec une masse salariale revue à la hausse ?  

Dans l'interview qu'il avait accordée à France Football début mai, Gervais Martel disait déjà tabler sur un budget qui "se situera entre 25 et 30 millions d'euros". "Il est prêt", avait-il annoncé. "La masse salariale sera d'un peu plus de 7 millions et supérieure à celle de cette année". Une enveloppe de 25/30 millions d'euros est déjà très conséquente pour un club de Ligue 2, où le budget moyen se situe plutôt autour des 10 millions. Cette saison, Troyes a été promu avec un budget de 13 millions, Angers avec 10.2 millions et le Gazelec Ajaccio a réussi l'exploit d'accrocher la Ligue 1 avec une dotation minuscule de 4.5 millions d'euros. Certes, avec le centre technique de La Gaillette, Lens a des charges structurelles que n'ont pas nécessairement ses futurs adversaires. Si l'enveloppe budgétaire annoncée ne bouge pas, où Gervais Martel compte-t-il rogner pour gonfler, en contrepartie, sa masse salariale ?    

Vendre des joueurs, mais à quel prix ? 

Aujourd'hui, sans nouvel apport financier extérieur, Gervais Martel n'a qu'une option pour alimenter les caisses du club la saison prochaine : vendre des joueurs. Le mercato démarre officiellement le mardi 9 juin, la veille de son rendez-vous à la DNCG, ce qui peut lui laisser le temps de conclure quelques transactions. Plusieurs joueurs de l'effectif lensois, comme Loïck Landre, Baptiste Guillaume, Wylan Cyprien et Jean-Philippe Gbamin, devraient trouver rapidement preneurs mais à quel prix ? Vu l'urgence de la situation, Lens ne sera pas en position de force pour faire monter les enchères, sauf si plusieurs clubs sont déjà sur les rangs, prêts à se battre pour arracher leur signature. Les transferts ayant toujours leur part d'incertitude (avec notamment les visites médicales d'usage), la DNCG ne tiendra compte bien évidemment que des transactions réellement entérinées. 

Mai si Lens est finalement contraint de vendre pour assurer son maintien en Ligue 2, le club risque de s'affaiblir sportivement. On voit mal dans ces conditions comment Gervais Martel pourrait prétendre ensuite "étoffer" son effectif pour jouer directement la montée​ en Ligue 1. D'autant que plusieurs joueurs de l'effectif actuel sont arrivés au bout de leur contrat. C'est le cas de Ludovic Baal, Adamo Coulibaly, Rudy Riou, Boubacar Sylla, Alharbi El Jadeyaoui, Quentin Lecoeuche, Patrick Fradj, Samuel Atrous et Benjamin Boulenger. Ce dernier a déjà fait ses valises et s'est engagé avec le club belge de Charleroi pour la saison prochaine. Un départ qui ne rapportera rien aux Sang et Or. Il faudra donc convaincre ces joueurs en fin de contrat de rester ou en trouver d'autres pour les remplacer. Ce qui dans la situation très incertaine du club ne sera pas chose aisée. 

Vers une rétrogradation en National?

On le voit, l'équation est complexe pour le RC Lens. Tellement complexe que selon Le Parisien/Aujourd'hui en France, on semble se diriger tout droit vers une rétrogradation en National (3e division).

"Si rien ne change, Lens risque de faire face à de gros problèmes de trésorerie au cours de l'exercice 2015-2016", a confié un "expert du dossier" au quotidien. "Dans ce contexte, il est à craindre que la DNCG rétrograde le club en National dans les prochaines semaines. Ensuite des recours seront toujours possibles, mais cela serait catastrophique pour Lens".                  
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