Venu poser la première pierre de "l'Usine 2020" du groupe pharmaceutique LFB à Bailleul-Sire-Berthoult (Pas-de-Calais) qui devrait créer 500 emplois directs, François Hollande a loué le rôle de l'Etat dans cet exemple d'implantation industrielle.
"Vous pouvez être fiers", a lancé François Hollande à l'assemblée venue assister à la symbolique pose de la première pierre d'une usine futuriste du groupe LFB à Bailleul-Sire-Berthoult, près d'Arras dans le Pas-de-Calais. Mais en ce mardi 7 juin, le président de la République, que l'on dit en campagne pour sa reconduction, semblait tout aussi fier de lui-même.Soulignant que "l'Usine 2020" du groupe pharmaceutique LFB, construite sur 15 hectares dans la zone industrielle Actiparc, devrait créer 500 emplois en cinq ans "et sans doutes plusieurs centaines (d'emplois) indirects" dans l'Arrageois, François Hollande a rappelé le rôle crucial de l'Etat dans cette implantation.
Une implantation permise par la loi Macron
Par la loi Macron adoptée en 2015 via l'article 49 ainéa 3, le gouvernement avait ouvert le capital du laboratoire public LFB, permettant à des organismes publics d'investir 230 millions d'euros, sachant que le projet de LFB nécessitait 300 millions d'euros. "Sans cette augmentation, il n'y aurait pas aujourd'hui l'inauguration", a rappelé le président de la République, taclant au passage "les esprits tourmentés ou inquiets - il y en a beaucoup quand on y réfléchit bien... - qui pensaient qu'on allait faire la privatisation de LFB."
A l'époque, le député frondeur Christian Paul (PS) avait déploré qu'on "ouvre des brèches" et sa consoeur et médecin Jacqueline Fraysse (Gauche démocrate et républicaine) avait évoqué le risque d'une "marchandisation du corps humain".
L'Etat stratège selon François Hollande
Dans son discours, François Hollande a voulu "insister sur la nécessité de développer notre industrie. C'est le sens de la politique que nous avons mené depuis 2012 avec le CICE et le pacte de stabilité." Manifestement satisfait de son action, le président a également apporté "une fois encore" son soutien à la loi Travail et à l'article 2, qui selon lui renforce "la place de la négociation collective" sachant que "les entreprises ont besoin d'adapter en permanence leur organisation, dans un cadre négocié."
Pour l'avenir, François Hollande en appelle à la bonne coopération des collectivités territoriales (la région Hauts-de-France est dirigée par l'opposition LR) et promet que l'Etat "ne mettra aucune limite" dès lors qu'un territoire voudra développer une industrie. "Ce qui compte, c’est que nos services puissent travailler mieux ensemble et qu’un certain nombre de réglementations puissent être adaptées en fonction du territoire", a déclaré le président de la République.
Zones franches : d'accord avec Xavier Bertrand
Le chef de l'Etat a tendu la main au président (LR) de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, se disant "favorable" à la création d'une "zone franche réglementaire" pour accélérer les procédures administratives d'implantation d'entreprises dans la région. En l'occurrence, les deux hommes se sont félicités que le chantier ait pu être validé en trois mois.
"Je ne demande pas un euro à l'Etat, je préfère gagner un mois sur chaque implantation", avait lancé un peu plus tôt Xavier Bertrand, faisant valoir la concurrence d'une réglementation plus souple dans la Belgique voisine. "A nous de nous organiser, à vous de faire des propositions", lui a répondu François Hollande, conciliant.
Un président décidément favorable à la décentralisation et à la flexibilité, pour un Etat qui accompagne plutôt qu'il ne contrôle, au risque de ne plus maîtriser grand chose et de laisser naître des disparités entre les territoires.