Quinze ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi à l'encontre d'Estelle Derieux, jugée devant la cour d'assises du Nord pour le meurtre avec préméditation de sa fille, qu'elle avait glissée dans un sac plastique puis jetée à la rivière en août 2013 à Lille.
L'avocat général, Luc Frémiot, a souligné "l'altération partielle du discernement" d'Estelle Derieux, 34 ans, la mère de Mandolina, presque trois ans à l'époque des faits. Il a également requis un suivi de l'accusée par les services sociaux-judiciaires avec obligation de soins, expliquant qu'il avait "peur", car "c'est une femme qui est jeune" et "quand elle sortira de prison, elle pourra encore avoir des enfants". "Il y a des dossiers qu'on aimerait bien n'avoir jamais à ouvrir, des dossiers qui devraient rester dans le domaine des cauchemars", a poursuivi l'avocat général. "Tant de violence, tant de souffrance, tant d'incompréhension...", a-t-il dit."
La petite fille qu'on ne voit pas"
"Je n'ai pas retrouvé beaucoup de moments d'émotion pendant cette audience", a-t-il estimé. "J'ai cherché comme une ombre la petite Mandolina (...) Mandolina, qui-est-ce qui pleure Mandolina ici ? Qui est ce qui a pu nous la faire vivre ? Mandolina c'est la grande absente de ce dossier", a-t-il affirmé, alors que le souvenir de la fillette a très peu été évoqué par sa famille lors des débats. "Cette petite fille, si petite, qui prend tant de place, dans nos coeurs, dans nos âmes, dans notre révolte, dans notre chagrin, dans notre volonté de vouloir comprendre pourquoi on en est arrivé là, c'est la petite fille qu'on ne voit pas, parce que vous ne parlez que de vous, Estelle Derieux", a-t-il ainsi lancé à l'accusée.
Et de s'adresser à l'avocat : "Ce n'est pas du +gâchis+ maître, c'est un chaos".
Poursuivie pour le meurtre avec préméditation sur mineur de moins de quinze ans, Estelle Derieux, 34 ans, est accusée d'avoir tué sa fille de deux ans et onze mois, au prétexte que les services sociaux allaient, selon elle, lui retirer.