Le monument aux morts de Roubaix, comme beaucoup de monuments, rend hommage aux Poilus qui ont vécu l’enfer. Mais, en plus, ses bas reliefs rappellent un autre enfer : le martyr qu’a vécu la Cité de la Laine pendant la Grande Guerre.
Occupée par les Allemands, Roubaix subira la loi martiale, le quotidien des habitants ne sera plus que souffrance.
Dès le 14 octobre 1914, Roubaix subit le même sort que Lille : la ville aux 1 000 cheminées passe sous la botte allemande.
L’hôtel de ville devient le siège de la Kommandantur : à la tête d’un régiment d’infanterie bavaroise, le sinistre major Hoffman. On les surnomme les « diables verts ». Ils emprisonnent pour un oui ou pour non. Les Bains Publics de Roubaix servent de lieux de détention.
L’occupant veut envoyer des ouvriers roubaisiens remplacer les ouvriers allemands mobilisés. Le maire socialiste, Jean Lebas s’y oppose et est interné en Allemagne. Les 250 usines de la ville sont vidées systématiquement, ce qui ne peut être emporté est détruit.
La famine est évitée de justesse grâce aux denrées envoyées par les pays neutres.
Le 17 octobre 1918, les Britanniques libèrent Roubaix.
La veille, des détonations ébranlent la ville : les passerelles, les ponts, les écluses explosent. Les maisons sont éventrées. Tout n’est que ruine et cendres. En partant, le major Hofmann aura le cynisme d’affirmer qu’il a toujours cherché à concilier ses devoirs de soldat avec le bien de la population.