Les enquêteurs français ont démantelé 28 filières d'immigration irrégulière en 2015 dans la région de Calais, les passeurs modulant leurs tarifs selon l'offre proposée pour assurer le passage en Grande-Bretagne, a-t-on appris lundi de source proche du dossier.
En 2014, 14 filières avaient été démantelées. Au total, 169 personnes étaient impliquées et 106 ont été présentées à la justice, a-t-on précisé de même source. La présence des forces de l'ordre dans le Calaisis a été fortement augmentée cette année, avec l'envoi en octobre de plus de 450 gendarmes et CRS, portant le total des effectifs à plus de 1.100 hommes.
Le fonctionnement des ces passeurs s'articule en partie selon un mode géographique, puisque les filières démantelées étaient spécialisées dans le passage d'Albanais (sept au total), de ressortissants du Moyen Orient (sept filières également), du sous-continent indien (trois filières), de Vietnamiens (trois également), ou de ressortissants de la corne de l'Afrique (deux filières).
L'an dernier, cinq filières ont opéré sans distinction de nationalité et une au profit de ressortissants algériens, selon cette source, qui a souligné que les
campements de migrants étaient en grande partie "tenus" par des passeurs. Généralement, les passeurs chargent leurs "clients" dans des camions (avec ou sans la complicité du chauffeur), en agissant la nuit dans des zones telles que parkings, aires d'autoroutes ou zones industrielles.
Chauffeurs complices
Les tarifs sont modulés selon la "prestation" proposée. Ainsi l'offre la plus chère garantit le passage en Grande-Bretagne indépendamment du nombre de tentatives -- le "client" voyage alors souvent en cabine, avec la complicité du chauffeur. Les tarifs varient également selon les réseaux : de 500 à 700 euros pour les réseaux érythréens, on passe à 6-8.000 euros pour les filières albanaises. Les tarifs réclamés par les passeurs du Moyen-Orient allaient de 900 euros à 1.500 euros, mais pouvaient monter à 8.000 en cas de fourniture de faux papiers.Les passeurs semblent aussi agir en Belgique, où il arrive que les migrants soient dissimulés dans des camions sur des aires proches de la frontière. Certains passeurs, implantés aux Pays-Bas, ont aussi fait transiter les migrants par le port de Rotterdam, a-t-on indiqué.