Véritable personnage avec ses facéties et son côté frondeur façon rockstar, Peter Sagan, favori dimanche de Paris-Roubaix, plaît au public du cyclisme, sport dont il est, à 26 ans, le champion du monde en titre.
Depuis sa victoire dimanche dans le Tour des Flandres, Sagan n'est plus ce "looser" magnifique, cantonné aux places d'honneur dans les grands rendez-vous (à l'exception du championnat du monde 2015). Mais il se fait toujours remarquer par son comportement. En course et surtout hors course.
Car le Slovaque n'a pas son pareil pour faire parler de lui, même à l'intersaison. Un clip durant l'hiver a fait le buzz. Coiffé et habillé façon John Travolta,
il danse avec sa femme Katka, clone d'Olivia Newton-John, pour parodier la scène la plus fameuse de Grease, succès planétaire des années disco.
Une autre vidéo, un numéro d'acrobate à vélo sur le toit d'une voiture, avait fait sensation deux ans plus tôt.
Vendredi, le champion du monde s'est encore amusé en répondant à des journalistes à l'occasion de la reconnaissance de Paris-Roubaix. Comparé
à la star suédoise du PSG Zlatan Ibrahimovic, il a répondu : "C'est qui Ibrahimovic ?"
Victoire sur le Tour des Flandres
C'est pourtant en compétition que Sagan séduit le public et nombre d'observateurs. Surtout quand il gagne, comme au Tour des Flandres, en prenant l'initiative loin de l'arrivée sans miser sur ses qualités au sprint. Avec, pour touche finale, un "wheeling" (le vélo en équilibre sur la roue arrière) après l'arrivée."Lundi, la presse était dithyrambique", remarque Eric de Falleur, du quotidien belge La Dernière Heure. "Pour les journalistes flamands, Sagan est le messie, à cause de sa personnalité, sa manière de courir, ses facéties qui font rire. Les gens apprécient, certains en sont dingues. C'est le coureur moderne par excellence".
Fait-il du bien au cyclisme ? "C'est à vous de le dire, évacue le coureur de Tinkoff, expert pour s'échapper en conférence de presse. Mais je suis bien content de le lire un peu partout".
'Il s'est créé un personnage'
Marc Madiot, qui dirige l'équipe FDJ, apprécie la liberté que s'octroie Sagan : "Il attaque là où personne ne l'attend, il court à l'instinct, ce qui le rend imprévisible, alors que les autres sont enfermés dans un moule." "Il amène un vent de fraîcheur", estime Thierry Gouvenou, directeur de course du Tour de France. "Il est complètement décontracté. Sur le Tour, c'est le seul qui est capable de sauter trois marches en descendant du vestiaire des coureurs, sans faire attention. Il est imprévisible". "Il sait plaire et il a tout compris pour s'attirer la sympathie", confirme Patrick Lefevere, le responsable d'une équipe concurrente (Etixx).Même si certains, sous couvert de l'anonymat, soupçonnent fortement son agence de communication italienne de le conseiller dans ses actions -sortir du bus de l'équipe au son de la musique de Star Wars, par exemple- afin d'imposer un style, en langage marketing une marque, pour conquérir de nouveaux fans. "Il a toujours un truc pour le public. Je ne sais pas si c'est naturel ou s'il se force, mais toujours est-il que les gens adorent parce qu'il apporte quelque chose de nouveau, relève Gouvenou. Il est certainement l'un des coureurs les plus emblématiques, mais on n'est pas encore dans l'hyper-popularité qui va amener des centaines de milliers de jeunes sur le bord des routes".
Sagan fait parler en tout cas. Il attire la lumière et les médias amplifient le phénomène. Le Norvégien Alexander Kristoff, l'un de ses adversaires, le constatait récemment dans les colonnes de L'Equipe : "Il s'est créé un personnage depuis quelque temps et sa victoire dimanche l'a consacré. C'est un coureur qui va marquer sa génération car il gagnera encore évidemment beaucoup de courses."