Abdul Rahman Haroun, un clandestin soudanais de 40 ans qui était parvenu à traverser presque entièrement le tunnel sous la Manche à pied pour rejoindre l'Angleterre, a plaidé "non coupable" lundi devant la justice britannique.
Haroun est accusé "d'obstruction" à la circulation dans le tunnel, infraction passible de deux ans d'emprisonnement. Détenu, il a comparu lundi matin par visioconférence devant un tribunal de Canterbury (Kent, sud-est de l'Angleterre) lors d'une audience préliminaire. A la question de la juge Adele Williams "Êtes-vous coupable ou non coupable?", le prévenu, s'exprimant en arabe via un interprète, a répondu "non coupable". Haroun restera en détention jusqu'à la prochaine audience, le 9 novembre, avant son éventuel procès, le 4 janvier
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A l'audience, son avocat, Nicholas Jones, a rejeté l'accusation d'obstruction et affirmé que son client tombait sous la protection de l'article 31 de la convention de 1951 de l'ONU sur les réfugiés, dont le Royaume-Uni est signataire. Ce texte dispose notamment que les États "n'appliqueront pas de sanctions pénales, du fait de leur entrée ou de leur séjour irréguliers, aux réfugiés qui, arrivant directement du territoire où leur vie ou leur liberté était menacée au sens prévu par l'article premier, entrent ou se trouvent sur leur territoire sans autorisation".
50 km à pied
Le 4 août, Haroun avait réussi à échapper à tous les contrôles policiers aux abords de l'entrée côté français du tunnel sous la Manche. Marchant pendant des heures, il avait presque parcouru les 50 kilomètres du tunnel avant d'être interpellé par les forces de l'ordre britanniques près de Folkestone, en Angleterre, selon Eurotunnel. Cette nuit-là, quelque 600 tentatives d'intrusion de migrants avaient été déjouées, selon la police. Des milliers de migrants venus du Moyen-Orient, d'Afrique ou d'Asie affluent à Calais après avoir traversé toute l'Europe pour tenter de passer vers l'Angleterre, qui leur ferme ses portes.La tension dans cette zone a connu un pic cet été, avec chaque nuit des centaines de tentatives de pénétrer dans les installations du tunnel sous la Manche, emprunté par des trains navettes chargés de camions. Dimanche encore, la présence de trois migrants sur un train de marchandises sur le site du tunnel a provoqué des retards allant jusqu'à trois heures et demie côté français, selon Eurotunnel. Cet incident est intervenu quelques jours après la signature, jeudi à Calais, par les ministres de l'Intérieur français et anglais, Bernard Cazeneuve et Theresa May, d'un nouvel accord allouant notamment "des moyens supplémentaires" pour sécuriser le site d'Eurotunnel.