Au lendemain du feu vert donné par la DNCG, le "gendarme" financier du football français, le président du RC Lens, Gervais Martel, a donné une conférence de presse ce mercredi à La Gaillette. Principale annonce : Antoine Kombouaré restera l'entraîneur des Sang et Or cette saison.
"L’entraîneur sera Antoine Kombouaré la saison prochaine". Voici la principale annonce effectuée ce mercredi par Gervais Martel, lors de la conférence de presse donnée en fin d'après midi au Centre Technique de La Gaillette. "On va essayer de faire le maximum tous ensemble", a-t-il ajouté. "Pour moi c’était une garantie sportive importante. C’est quelqu’un qui par son nom peut faire venir des joueurs." Antoine Kombouaré va donc honorer sa dernière année de contrat avec le RC Lens, alors que son avenir semblait incertain, après une saison des plus pénibles sur et en dehors du terrain. Le Kanak - qui a touché plus de 100 000 euros mensuels, primes incluses lors de la précente saison du Racing en Ligue 2 - a-t-il accepté une baisse de salaire pour rentrer dans les clous budgétairement ? "J’ai discuté de plein de choses avec lui, on ne va pas rentrer dans le détail", a préféré répondre Gervais Martel.
Sur le plan sportif, Gervais Martel souhaite que le club retrouve la Ligue 1 "dans les deux ans". Côté chiffres, il annonce un budget de 20 millions d'euros (soit le double du budget moyen en Ligue 2) avec une masse salariale joueurs de 5 millions. "C'est une masse salariale supérieure à celles de Nancy et d'Angers (club promu en L1 NDR) la saison dernière". Le président lensois promet "une équipe avec 23 joueurs dans l’effectif". Il envisage toujours de vendre des joueurs à condition de recevoir des offres qu'il jugera acceptables. "Vendre des jeunes, tous les clubs de France le font. (...) Mais ceux qui pensent avoir des joueurs de Lens au rabais, ils seront très déçus", prévient-il. Pour l'instant, Gervais Martel dit avoir obtenu 6.6 millions grâce aux transferts : 5 millions sur la vente des jeunes Jeff Reine-Adelaide et Yassin Fortune à Arsenal, le reste sur le pourcentage perçu sur la vente de Serge Aurier, ancien joueur du club, par Toulouse au PSG. "On aurait pu vendre plus, mais on veut pas brader".
Mammadov toujours absent mais toujours là
Le patron du RC Lens s'est félicité du feu vert donné mardi soir par la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG), qui a validé les comptes pour la prochaine saison. "Je voudrais remercier la DNCG qui a été extrêmement à l’écoute" ont été ses premiers mots lors de la conférence de presse. "Je n’ai peut-être pas été bon en communication mais je n’ai jamais menti une seule fois", a-t-il de nouveau répété. "C’est un budget d’entreprise, je vois pas comment il aurait pu être contesté. Là on a eu affaire à une DNCG à l’écoute, qui se rend compte de l’exploit qu'on a réalisé cette saison sans l'aide de Mammadov. Ils ont regardé les dépenses et les recettes. C’est une décision mathématique".Pour Gervais Martel, les soucis rencontrés par le RC Lens n'ont qu'une seule et unique cause : Hafiz Mammadov, l'actionnaire majoritaire azerbaïdjanais du club (il détient 99.9% de la holding qui contrôle le RCL), aux abonnés absents depuis un an. "Le problème avec la DNCG, c’est pas Lens, c’est pas Gervais Martel mais comment on fait avec l’actionnaire". "C'est un actionnaire qui a sauvé le club en mettant 25 millions d’euros mais qui est absent depuis plusieurs mois", a-t-il regretté. "Mais je ne vais pas tirer sur quelqu’un qui est dans la difficulté. Je lui reproche seulement de ne pas m’avoir mis dans la confidence dès le mois de juin. On n'a eu que des réponses vaines et pas de solution. Personne ne pouvait prévoir ce qui s’est passé. Ça fait partie de la vie des entreprises et c’est tombé sur nous." "A l’audition de la DNCG, on a sorti 150 mails d’échange avec le Baghlan Group et l’actionnaire", a-t-il ajouté, se félicitant d'avoir été "réhabilité" à la suite de l'enquête menée par l'instance sur des soupçons de faux documents.
Aujourd'hui, Gervais Martel pense pouvoir faire tourner le club sans l'appui financier de l'Azerbaïdjanais. "On s’est débrouillé tout seul, alors qu'on nous avait prédit qu’on serait en dépôt de bilan", assure-t-il. "Aujourd’hui, on sait qu'avec Mammadov c’est extrêmement compliqué. On a trouvé des solutions internes et autonomes.". D'après le président lensois, c'est Mammadov qui bloquerait toujours l'entrée de nouveaux investisseurs dans le club, notamment le fameux "partenaire européen" évoqué début mai dans une interview à France Football et qui était censé injecter 15 millions d'euros en compte courant bloqué. "Il n’a pas voulu céder un seul % de ses parts". Gervais Martel dit donc continuer de composer avec cet actionnaire fantôme en attendant de trouver une solution pour l'éjecter. Selon lui, déposer le bilan de la holding n'est pas possible juridiquement à ce jour. "On dépose le bilan d’une entité quand on est en cessation de paiement", rappelle-t-il. "Ni la SASP (c'est à dire le club NDR), ni la holding ne sont en cessation de paiement." D'après Gervais Martel, il existe une autre solution, difficile à mettre en oeuvre. "On peut faire un constat de carence de l’actionnaire principal. Mais ça ne se fait pas en 2 secondes, il faut saisir les tribunaux compétents".
Pas de "plan B"
Interrogé sur le rôle joué par Daniel Percheron, le président PS de la région Nord Pas-de-Calais venu l'accompagner devant la DNCG mardi, Gervais Martel a répondu qu'il "avait mouillé le maillot". "Je lui ai demandé de m’accompagner en tant que représentant des collectivités locales qui ont pris en charge la rénovation du nouveau stade. (...) Daniel Percheron est venu parler des investissements des collectivités dans le stade. Ce n'est pas ce qui a pesé dans la balance, mais qui aurait pu être le meilleur ambassadeur que Daniel Percheron".Gervais Martel a balayé d'un revers de manche l'existence d'un "plan B", taclant sans le nommer Dominique Bailly, le sénateur-maire socialiste d'Orchies qui disait avoir réuni un pôle d'investisseurs nationaux et locaux prêts à reprendre le club, avec une participation des supporters au capital. "Je n'ai jamais été appelé", a-t-il assuré, alors que Dominique Bailly nous avait affirmé, lui, avoir contacté Gervais Martel il y a une quinzaine de jours pour recevoir une fin de non recevoir. "Si on m’avait appelé en me proposant 6 ou 7 millions, j’y serai allé à pied", a ironisé le président lensois. "Blablabla.. Un club de foot, c'est tous les ans qu'il faut remettre de l’argent. C’est 10/15 millions d’euros par an. Les clubs de foot sont d'ailleurs tous à vendre, sauf Paris et Lyon". "Il n'y a pas de plan B", a-t-il insisté, finissant tout de même par reconnaître avoir "été approché par des gens" mais "qui manifestement n’étaient pas capables de porter cet investissement là".
Mais avec son actionnaire aux abonnés absents, comment compte-t-il apporter le financement nécessaire ? Outre la vente de joueurs, Gervais Martel annonce "le stade et le sponsoring en accord avec Sportfive (...). On a le 2e centre de formation de France, on a un nouveau stade et je maintiens qu’on n’a pas de dettes". "Il y aura restructuration du club", prévient-il toutefois. "On va adapter le club à la Ligue 2". Selon lui, ni le conseil régional, ni aucune collectivité locale n'assumera certaines charges à la place du club. "Il n'y a pas eu d’intervention mécanique de la région, pas eu de tour de passe-passe. On n’a rien allégé." Gervais Martel a dit comprendre "l'exaspération" des supporters lensois et n'a pas exclu de quitter la présidence du club à terme. "Je partirai fier, pas dans l’état dans lequel est le club actuellement". Gervais Martel a conclu son intervention en annonçant que la campagne d'abonnements pour la prochaine saison débuterait "mi-juillet".