Une projection du film de Jean-Paul Jaud sur les travaux du professeur Séralini était organisée à l'amphi Daure, suivie d'un débat avec le réalisateur et le scientifique caennais.
Depuis qu'il a publié les résultats de son étude sur les OGM, Gilles-Eric Séralini est au centre d'une vive controverse, objet de nombreuses critiques au sein même de la communauté scientifique.
Des dizaines de scientifiques de l'Inra, du CNRS et de l'Inserm la dénoncent, appelant à sortir de "l'opposition idéologique" à cette technologie.
"Cette étude doit être considérée plus comme un coup médiatique que comme une révélation de résultats scientifiques", écrivent 40 chercheurs, principalement issus de ces trois organismes publics français qui réalisent études et expérimentations sur les OGM, dans une tribune publiée dans l'hebdomadaire Marianne (Marianne n°806, édition du 29 septembre au 5 octobre, p.51).
Ces scientifiques rappellent les principales critiques émises à l'égard de l'étude publiée le 19 septembre: "petite taille des effectifs par lot qui ne permet pas de tirer des conclusions statistiques sérieuses", "manque de précisions sur la composition de la nourriture donnée au rats" ou "lignée de rats qui développent spontanément des tumeurs".
Ils se disent également "étonnés" du fait que les pouvoirs publics français, "pourtant habitués à faire du zèle dans ce domaine", n'aient pas instauré un moratoire immédiat sur le produit concerné. "S'attendent-ils à une invalidation de cette étude par les instances d'évaluation officielles?", poursuivent-ils.
Par ailleurs, près de 140 chercheurs, dont une partie est signataire de la tribune, ont signé aussi une pétition lancée sur le site du CNRS qui appelle à "un débat raisonné sur les OGM".
"L'hypermédiatisation, savamment organisée, de cette étude" fait partie des "entraves à un débat serein", écrivent les chercheurs, qui appellent à ne pas faire "l'impasse" sur des technologies qui peuvent, selon eux, permettre de répondre à "des défis majeurs" comme le changement climatique et l'accroissement rapide de la population mondiale.
"C'est de ce débat dont nous avons besoin, pas d'une opposition stérile, souvent idéologique, et volontairement stigmatisante". Une première analyse sur l'étude du Pr Séralini par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) est attendue cette semaine.
Quoi qu'il en soit, hier soir, les spectateurs étaient au rendez-vous. La projection, organisée conjointement par l'université de Caen et Le Café des Images a fait salle comble, certaines personnes ne pouvant accéder à l'amphithéâtre.
De toute évidence, cette étude qui met en cause l'innocuité à long terme du maïs transgénique NK 603, mis au point par le groupe Monsanto, sucsite un très vif intérêt en France et au-delà.
Reportage hier soir à l'Université de Caen, Pierre-Marie Puaud et Jean-Michel Guillaud