Le tribunal correctionnel de Rodez (Aveyron) condamne, mercredi 28 juin, à des amendes 55 faucheurs volontaires pour la dégradation de semences, le 10 novembre 2021 dans un entrepôt RAGT. L'ensemble des prévenus ont en revanche été relaxés des accusations de vol.
Ils partirent 28 devant le tribunal correctionnel de Rodez (Aveyron) ; mais par un prompt renfort - ils furent 55 à être condamnés par la justice. L'affaire des Faucheurs volontaires, entrés illégalement le 10 novembre 2021 dans un entrepôt RAGT à Calmont, a des airs tragi-comiques.
À l'ouverture du procès, mercredi 7 juin, le journaliste Grégory Souchay, poursuivi à la demande du parquet de Rodez sans raison, avait été relaxé. De plus, une vingtaine de personnes s'étaient présentées à la barre en demandant à être jugées au même titre que les 28 faucheurs volontaires poursuivis.
Relaxe pour le vol, condamnation pour les dégradations
Dans sa décision rendue mercredi 28 juin, le Tribunal correctionnel de Rodez a fait droit à cette demande de comparution volontaire. Au final, 55 faucheurs volontaires ont chacun été condamnés pour dégradations des sacs de semences de la RAGT à des peines d'amende de 200 euros sans sursis, auxquelles s'ajoutent 6 566 euros à verser au céréalier aveyronnais, plus 1 000 euros pour préjudice moral et 1 500 euros de frais d'avocats. En revanche, tous sont relaxés des accusations de vol.
Christine Thelen, faucheuse volontaire, accueille cette décision de façon "mitigée" : "Le problème, ce ne sont pas les sommes que nous allons devoir verser, mais ce sont les condamnations. Ce jour-là, nous avons posé un acte de désobéissance civile et un acte citoyen. Nous étions venus faire une inspection citoyenne pour dénoncer le fait que la RAGT continue à cultiver des plantes modifiées génétiquement qui résistent aux herbicides. On n'en veut plus des pesticides. Les gens en sont malades. Les enfants sont malades. La nature est malade. La juge n'a pas entendu cet argument. Je suis déçue qu'elle n'ait pas eu le courage de protéger la société. C'est pourtant le rôle de la justice."
"La condamnation d'une action symbolique"
"C'est une fois de plus la condamnation d'une action symbolique", déplore Sébastien Persec, de la Confédération paysanne Aveyron. "On essaye ainsi d'étouffer une parole qui se soucie de l'environnement, qui se soucie de l'avenir. On voit de forts lobbies en face et là, c'est le cas de la RAGT."
La RAGT, partie civile dans ce dossier, a préféré ne pas commenter cette décision de justice.
Le 10 novembre 2021, des faucheurs volontaires s'étaient introduits dans les locaux de l'entreprise aveyronnaise pour dénoncer la présence de semences rendues tolérantes aux herbicides. Des sacs remplis de semences avaient été déversés au sol. Les faucheurs volontaires ont jusqu'à lundi pour faire appel de leur condamnation.