Les tests de sécurité effectués par la Commission européenne après la catastrophe de Fukushima ont révélé des "centaines d'insuffisances" dans les centrales nucléaires de l'UE, en particulier en France.
Le parc des centrales nucléaires européennes nécessite une sérieuse remise à niveau pour assurer la sécurité des réacteurs situés dans des zones habitées, notamment en France, au Royaume-Uni et en Espagne. Toutefois, aucune fermeture ne sera recommandée par la Commission européenne, selon un rapport révélé hier et dont les conclusions seront présentées demain jeudi par le commissaire en charge de l'Energie, l'Allemand Gunther Oettinger.
Les investissements nécessaires sont évalués entre 10 et 25 milliards d'euros.
Rien dans ce rapport n'est cependant alarmiste pour les gouvernements des 14 pays nucléaires de l'UE (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, République Tchèque, Roumanie, Royaume Uni, Slovaquie, Slovénie et Suède).
Les défaillances identifiées peuvent toutes être corrigées et les conclusions ne permettent pas à la Commission de recommander des fermetures,selon une source proche du dossier.
Le document de 25 pages recense des problèmes identifiés par les autorités de sûreté nationales lors de tests de résistance à une coupure d'électricité provoquée par une catastrophe naturelle, comme ce fut le cas pour la centrale japonaise de Fukushima, ou un accident d'avion.
Toutes les centrales nucléaires de l'UE montrent des défaillances. Sur les 11 points identifiés dans le rapport, les 19 centrales françaises sont en défaut sur cinq à sept points, essentiellement la protection des équipements de secours à utiliser en cas de séisme ou d'inondation.
Les autorités françaises ont déjà décidé la fermeture fin 2016 de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne du parc nucléaire français. Elle présente pourtant moins d'insuffisances que les centrales de Cattenom, Chooz, Golfech, Nogent, Paluel et Penly. La France compte 19 dentrales nucléaires et 58 réacteurs.
Le rapport sera soumis aux dirigeants de l'UE lors de leur sommet les 18 et 19 octobre à Bruxelles. Il leur reviendra de prendre les décisions qu'ils jugeront utiles, car la Commission ne peut rien imposer.
Les détails du rapport, avec Emilie Flahaut :
La ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Delphine Batho, a déclaré que ce rapport de la Commission européenne sur l'état du parc des centrales nucléaires européennes "n'apporte aucun élément technique nouveau" sur la situation en France.
"La France sera bien entendu attentive à la communication de la Commission européenne lorsque celle-ci sera officielle", a-t-elle déclaré, "mais cette communication n'apporte aucun élément technique nouveau par rapport à l'ensemble des conclusions des stress tests qui ont déjà été rendus publics", a-t-elle ajouté, assurant que "la sûreté est une exigence absolue, qui n'est pas négociable et pas conjoncturelle".
"La politique de la France, c'est non seulement de faire de la sûreté nucléaire un impératif absolu mais c'est l'élévation continue des normes et des exigences de sûreté", a-t-elle encore affirmé.
Delphine Batho a rappelé qu'après la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) "a réalisé des évaluations complémentaires de sûreté, le Conseil européen a aussi pris la décision de procéder à des stress tests" auxquels "la France a pris une part active et dont les conclusions ont déjà été entièrement rendues publiques".
L'ASN a publié le 28 juin "l'ensemble des actes réglementaires fixant les mesures imposées aux exploitants" comme "le renforcement structurel de la robustesse de nos centrales face aux situations extrêmes".
"Les travaux sont en cours et ils seront réalisés", a assuré la ministre.